1 Avril 2007
Chaque année, Seb (voir les portraits) « sort le vieux en montagne » comme il dit.
Donc en ce mois de juillet 2006 devant sa demande, je concède une traversée Rochefort Jorasses qui me semble un compromis d’ampleur suffisante pour rassasier ce poumon sur deux pattes (qu’il est devenu), et à la fois supportable par ma condition physique (en mal d’entraînement).
Au début de la traversée de Rochefort.
Après une traversée du tunnel du Mont Blanc et une petite montée en téléphérique au refuge Torino, nous voici donc parti. Il est environ 10 heures. Par un simple regard nous nous accordons pour garder la corde sur le sac. Oui je sais : « Ce n'est pas sérieux Messieurs ! «
Au fond la calotte de Rochefort.
Comme je l’avais prévu Seb ne marche pas mais court ! Je suis heureux d’avoir allégé mon matériel : sac Airtech (450g), Doudoune Valandré (500g), réchaud Jetboil avec gamelle et cartouche ( 400g) , marteau piolet Airtech evo (420 g), crampons Airtech (850g), corde Migu 8mm de Roca, prototype de baudrier Muk de Roca (150g), dégaine légères, pitons, coinceurs, etc.… etc…..
Résultat : un petit sac d’environ 6 Kg. Le problème est que je n’ai pas réussi à charger Seb d’un handicap de poids.
Rapidement nous doublons des cordées dans la montée de la Dent du Géant, et nous voici partis sur les arêtes de Rochefort (je n’ai pas droit à une pause à la « Salle à Manger « ). Nous sommes les premiers sur les arêtes et la corde restant toujours sur le sac personne ne nous rattrape.
Nous voilà au sommet de l’aiguille de Rochefort, une section en neige puis un court passage en arêtes aériennes nous mènent à la Calotte de Rochefort.
.
.
Nous doublons une cordée : nous ne serons donc pas seul au refuge. Quatre petites heures après notre départ, trois rappels nous posent au col des Jorasses où nous rejoignons le refuge Canzio.
Le refuge pourtant sympa est sordide tant il est sale. Je ne comprends pas les gens qui arrivent jusqu’ici et qui ne se gênent pas pour « oublier » leurs déchets bien emballer dans des sacs plastiques. Que s’imaginent t ils ? Que le camion à ordure va passer ! Que « d’autres » sont payés pour ramasser leurs détritus ! Que tout le monde fait ça et donc pourquoi pas eux !
En tout cas il ne s’imagine pas repasser par ici !
Au refuge outre la cordée de français que nous avons doublée, une autre cordée de belges nous rejoint. Ces derniers décident d’abandonner et descendent aussitôt par les rappels qui sont équipés dans le versant italien du col des Jorasses. Devant cet abandon, la cordée de français qui nous à rejoint doute. Il est vrai que la suite est plus soutenue et que le départ de Canzio , dans les rochers de la pointe Young à la réputation d’opposer une résistance non négligeable.
Escalade de la pointe Young dans le froid du petit matin.
L’escalade sans y être vraiment difficile demande de l’attention, entre verglas, prises fuyantes, doigts engourdis, cheminement complexe et peu évident.
Le lendemain nous ouvrons la marche, suivi par la cordée de français. Nous avons sorti la corde et je grimpe devant. Seb a gardé ses gants, cette face orientée à l’Ouest est à l’ombre le matin. Un peu de glace, le froid aux doigts, le cheminement, tout cela ne nous empêche pas de progresser rapidement et c’est en trois longueurs que nous rejoignons le sommet ensoleillé.
La suite est complexe et nous nous perdons. Nous devons forcer un pas d’escalade rocheuse bien plus difficile que les cotations maximums données par le topo.
Nous voici au sommet de la pointe Marguerite ou nous croisons une cordée d’italiens qui fait la traversée en sens opposé.
De là nous voyons la suite jusqu’au sommet de la pointe Whymper.
La suite fut avalée rapidement corde tendue.
Un petit arrêt au sommet me permet de fermer les yeux 5 minutes. Mais déjà la corde se tend par à-coup, c’est Seb qui s’impatiente. Nous voilà parti dans la descente. La descente des Jorasses est longue. Et c’est aux environs de 17 heures que nous sommes dans la vallée. Le soir, rentrés à Chamonix nous entendons l’orage grondé.
Nous apprendrons que les Français, qui nous suivaient, ont dû bivouaquer dans la descente sous l’orage.