22 Janvier 2012
Ce fut toute une histoire en 9 leçons!
D’abord une longueur ouverte en…J’en ai même oublié la date, c’était avec Christophe.
Ce dont je me souviens c’est qu’il faisait froid et que frigorifiés nous avions abandonné, après une longueur pas très facile, un relais et 3 goujons posés.
Première leçon : le froid ça caille !
En 2010, voulant faire découvrir au fameux « Seb des Cimes » ; grand coureur de sommets et de… bon passons … les joies de l’escalade sur herbe, me revoilà !
Dans un brouillard à casser au piolet, nous avions commencé par la Grande Motte. Classique parmi les classiques, cette magnifique voie fut vite faite, bien faite !
Redescendant en logeant la paroi, souhaitant l’emmener dans quelque chose d’un peu plus dure, je cherchais donc le départ de Gare au Loup. Le brouillard nous permettait de découvrir que les 10/15 premiers mètres de rocher. Peu sûr de mes souvenirs, sans repère, je découvrais un spit à 3 mètres du sol, dans le secteur où je situais la voie recherchée. C’était donc là ? Erreur !
Seconde leçon : quand la sénilité arrive : reste au chaud, surtout s’il fait froid. Voir la leçon N°1.
La dernière longuer de la Grande Motte.
La première longueur équipée de 3 spits me sembla bien difficile, je mis cela sur le compte de ma méforme habituelle. Certain de moi, je m’entêtais malgré que je ne rencontrais aucune protection en place. Mettant l’absence d’équipement sur ou plutôt sous le dos du givre épais qui ce jour là couvrait tout de ses plumes blanches. Je persévérais.
Troisième erreur : le givre cache tout même la bêtise !
La L2 moins soutenue se laissa assez facilement gravir. Une malicieuse traversée à gauche sur une dalle aux belles mottes d’herbe givrées m’extirpa d’une fissure qui se redressait.
Point de relais en place! Damnation et sabre long !
Je dus poser un relais en comptant mon matériel : 1, 2, 3 friends et quelques sangles, rien de moins ni de plus. Damnation et boquillon !
Je coinçais le plus gros de mes amis et lui donna comme compagnes deux pierres martelées au piolet, ceinturées de sangles. Et deux sangles en moins !
Quatrième erreur : quand tu n’as pas le matos, retourne à ta niche pour ronger ton os !
La L2 commençait fort, par un surplomb où je posais un coinceur seulement à moitié rassurant. Le rétablissement qui suivi, particulièrement engagé me déposa sur une banquette ni plate ni confortable, le dièdre continuait au-dessus raide et méchant. Je posais un coinceur très mauvais mais à défaut de grive il faut bien se contenter de merle ! C’est d’ailleurs à peu près le poids que devait pouvoir supporter cet ancrage.
A droite une traversée exposée sur quelques mottes me semblait ouvrir sur des horizons moins verticaux. Léger, léger, je posais un pied en écart, une frappe délicate dans une mince motte, une traction en apnée et quelques mètres plus haut je trouvais une fissure parfaitement conçue pour le seul et unique friends qui ornait mon harnais. Ouf ! Je me sentis plus léger, presque du poids du merle déjà cité.
Cinquième leçon : la gravité varie au carré de la distance qui sépare le grimpeur du dernier point !
Je devinais dans les brunes opaques une légère masse clair qui m’indiquait le ciel et la fin de la paroi.
Une quinzaine de mètres plus tard et presque le double de minutes j’arrivais sur le plateau sommitale, extenué de fatigue et de concentration. Totalement accaparé par ma progression, j’en avais oublié mes doigts qui me rappelèrent leurs existences par une onglée douloureuse dont je gardais des fourmillements pendant le trimestre qui suivi.
Sixième leçon : Contrairement à la gravité, le schéma corporelle du grimpeur varie de façon inversement proportionnelle au carrée de la fameuse distance qui le sépare du dernier point.
La L1 de Sitting Bull en 2010.
Le passage clef de la L1 en 2010 vue du bas et...
Toujours en 2010 le départ de la L2, je suis léger en matériel...
... et la suite avant la traversée à gauche.
Le fameux relais sur pierres coincées et
Je baptisais cet itinéraire Sitting Bull, d’une part par hommage à ce grand « résistant », une autre des spécialités locales avec l’escalade sur herbe gelée mais aussi car s’il existe des escalades où il ne faut ni rester assis, ni grimper comme un taureau c’est bien cela !
Septième leçon : Après c’est toujours facile de faire le malin !
En 2012 Christophe assure Jonathan dans la L1...
Christophe dans le passage clef...
Christophe en 2012 au départ de..
Et dans la traversée. Remarquez le nouveau relais sur goujons.
Quelques semaines plus tard je revins donc avec les amis du club Densité. Pendant qu’une cordée gravissait La Grande Motte, je m’attaquais à la première longueur de Sitting Bull, cette fois chargé de nombreux coinceurs et d’un perforateur dont je pensais utiliser quelques ampères pour poser 3 à 4 points dans les fameuse L2 et L3.
Que nenni ? Arrivé au pas dure de la L1, lourdement chargé, je tirais trop haut sur un piolet ancré dans une motte d’herbe. J’eu la surprise de tomber… lourdement !
La leçon fut tirée par Newton et je vous en dispenserai donc, mais j’en tirais une autre pensée.
Huitième leçon : ancré dans l’herbe poignée base, tu garderas !
Comme toute chute celle ci s’arrêta… lourdement.
Un crampon mordit le rocher, la cheville plia, sans rompre mais plia tant que le péroné se déplaça. Ah ya ya !
Croyez-moi, ça pourrait être une leçon, mais un péroné qui se déplace sur des skis de fond ou autrement ce n’est pas de la tarte ! ( message codé)
Donc pour 2010 la voie en resta là !
2011 fut consacré au péroné, le mien et celui sur ski.
2012, le péroné à sa place et l’autre malade ( c’est très codé !), Nous voilà reparti dans cette même voie avec Jonathan et Christophe.
Prudent, je laissais la L1 à Jonathan jeune et fougueux, demandant à Christophe de rajouter un point anti escapade à péroné au fameux passage.
Je me chargeais de la L2, fixant deux points, un troisième étant posé par Christophe.
Christophe se chargea de la L3 avec 4 points.
Neuvième leçon : il faut savoir déléguer !