7 Décembre 2020
Ce dimanche 6 décembre 2020, fidèles à nos habitudes nous sommes allés grimper au col de la Bataille.
Voici un premier article qui décrit un peu cette activité si particulière qui consiste à grimper sur l'herbe. Dans les jours qui suivent je publierais, un article d'une ouverture épique sur ce terrain de jeu, suivi d'un topo actualisé.
Bonne grimpe
manu
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La neige entravant l'action du froid, les mottes n'étaient pas dans une forme exemplaire, nous nous sommes donc contentés de la Diagonale du Gone, voie aux difficultés modérées. Départ de la la L2.
Pour se préparer aux ascensions alpines estivales, les alpinistes urbains ont toujours cherché à utiliser leurs piolets et crampons sur des sites proches de leurs villes d'origines. Dans les années 1880 Mummery s'entrainait aux cramponnage sur les falaises de craie des environs de Douvres, dans les années 1930, Andrerl Heckmair auteur de la fameuse première ascension de la face nord de l'Eiger s'entraina sur des planches de bois à cramponner avec les premiers crampons à pointes avant de Grivel, les grimpeurs parisiens d'avant la seconde guerre mondiale fréquentaient déjà les montagnes du nord du massif central en hiver et comme les écossais grimpaient sur le "turf" gelée.
Par proximité vocale et pour le clin d'œil, nous avons traduit ce mot en français par touffe au lieu du mot gazon ce qui donne lieu aussi au mot touffing. Faux anglicisme, qui désigne l'activité alpine qui consiste à grimper sur des falaises encombrées de motte d'herbes gelées en hiver, en utilisant le matériel des ascensions glacières: piolets et crampons.
Alors pourquoi grimper sur l'herbe gelée?
-D'abord car l'activité est plaisante, elle demande les mêmes mouvements précis et techniques d'ancrage du piolet en glace mais avec une exigence supérieure de précision car la touffe est souvent petite. Mais avantage sur la glace, elle n'éclate pas.
-Ensuite, passer d'une motte à l'autre sur une falaise couverte de givre, à un caractère féérique propre aux mondes glacés.
-Pour finir, dans ces temps de réchauffement climatique, contrairement à la glace, la touffe est toujours là. Pas besoin de longues semaines de froid pour construire ses structures éphémères. Il suffit d'avoir 3à 5 jours de températures négatives pour que la motte gèle.
Quels conseils ?
-Restez modeste ! Car la technique diffère de l'escalade sur glace, les ancrages sont plus délicats, moins profonds. Les protections sont plus lointaines, parfois difficiles à trouver ou à poser et parfois surtout dans les sections en herbe peu fiable.
-Respecter le terrain de jeu. Ne grimper pas si la terre qui supporte la touffe n'est pas totalement gelée. Elle gèle au bout de 3 journées de température négatives, y compris le jour et à condition que la neige n'isole pas cette terre de l'air froid et que la terre soit suffisamment humide. Il y en va de votre sécurité et de la conservation de ce terrain de jeu.
Ou faire du Touffing ?
La France possède quelques mottes qui tiennent la touffe haute face à leurs illustres coussins écossais comme les Greag Meagaidh:
Massif Central: Vallée du Chaufour avec Ivan Bergzoll comme chef de fil.
Pyrénées: Montagne d'Areng avec Henri Fiocco comme spécialiste.
Vercors: Col de la Bataille dont j’éditerais le topo dans un article prochain.
De nombreux autres lieux se prêtent au jeu.
Comme la belle voie que nous avons ouvert avec Jérôme Blanc-Gas dans la vallée de Cogne (Italie) qui s’appelle Gusto di Scotia ( topo) dont la dernière longueur passe sur des touffes si grosse qu’elles forment de courts bombés.
A vous piolets !