Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog manu.ibarra

Alpinisme, escalade, cascade de glace, France, Écosse, Mt Blanc, Oisans, Écosse, Island, Canada.... Les aventures d'un guide de haute montagne.

Ouverture de la voie du Levant dans le cirque d’Archiane

Ce texte me fut confié dans le cadre du 50 ème anniversaire de la voie des Parisiens aux 3 Becs. La saison étant aux parcours des grandes voies classiques du Diois, je ne peux m’empêcher de le partager

Le tracé et le topo de lq voie du Levant à Archiane.
Le tracé et le topo de lq voie du Levant à Archiane.

Le tracé et le topo de lq voie du Levant à Archiane.

Escalade anecdotique

Ouverture de la voie du Levant dans le cirque d’Archiane

En ce temps-là, il y a déjà cinquante ans, le but de l’exercice était encore d’atteindre le sommet des montagnes. Et l’escalade sportive que nous pratiquions dans les Calanques et à Fontainebleau n’était qu’un des moyens permettant d’aller vers l’alpinisme. Mais, au début des années 1960, de nouvelles voies d’ascension dans le Vercors et la Chartreuse sont venues troubler nos certitudes, avec des lignes débouchant, non pas sur une cime, mais sur un plateau herbeux, qu’un troupeau de moutons était occupé à tondre...

Ces nouvelles voies d’ascension, conduisant nulle part, marquaient le début une nouvelle tendance allant vers plus d’escalade et moins d’alpinisme... Georges Livanos qui a découvert maintes et maintes parois calcaires en France, l’expliquera plus tard à sa façon. « Hé ! Grec ! Pourquoi tu n’as pas regardé vers le Verdon ? ». « Parce qu’à l’époque, on ne regardait vers le haut, pas en bas... ».

De cette période, nous avons gardé en mémoire une péripétie. Au début des années soixante, en venant visiter le Pilier Sud-est du Jardin du Roy, nous avions repéré une belle possibilité dans la face est. Nous n’étions pas des ouvreurs acharnés, plutôt des dilettantes avertis. Mais là, il n’y avait qu’a cueillir le fruit mûr.

Dans le Diois, les premiers jours de novembre sont souvent favorables. Avec Jérôme Brunet, nous formions une cordée homogène et venions d’exercer nos talents dans les plus difficiles escalades des Dolomites – les plus difficiles certes, mais pas d’affolement... à bien des années lumières du haut de gamme d’aujourd’hui. À peu de distance, suivait la cordée de nos trois amis François Hess, Bernard Mevel et Alain Pelgrand.

Nos amis devaient récupérer le matériel d’assurage et transporter les vivres pour le bivouac que nous devions partager. En dessous, ils devaient tenir compte du bombardement intensif des défricheurs. Et pestaient à cause de l’équipement très aéré que nous leur proposions. Un écart entre les deux cordées s’est créé lorsque la nuit menace. Il faut se résoudre à des bivouacs séparés.

Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.
Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.

Attaque et le passage clef de la première partie actuellement un bon 6a, un pendule à l' ouverture.

Nos camarades s’installent au niveau de la grande baume du Midi, ils ont la nourriture et l’eau pour passer la nuit. Devant, nous devrons nous contenter de deux petites marches. Jérôme est assis sur celle du bas, je me pose juste au dessus. Impossible d’envoyer un brin de corde pour faire monter la soupe et la nuit est maintenant là. Nos amis - à portée de voix - n’ont de cesse de vanter leur confortable vire et de nous décrire l’excellent menu qui les attend.

Pour nous plus haut, il faut manger le peu qui nous reste et rationner l’eau pour aller jusqu’au prochain matin. Dans mon sac, j’ai seulement une boite de tablettes de Dextrosport, à base de sucre de raisin, les barres énergétiques de l’époque. J’ouvre une boite, partage son contenu. Les barres blanches sont vite absorbées par les deux affamés. Eh ! Cela a une drôle de consistance ! C’est comme du plâtre, ce produit doit être périmé…

Soudain, l’information m’arrive au cerveau... « Jérôme, on a bouffé le Meta, vite recrache... Je me suis trompé de boite ». Mais trop tard, nous avons avalé les tablettes. Dans mon fond de sac, j’avais toujours une boite d’alcool solidifié, des tablettes blanches et dans la nuit... Aussitôt, on regarde avec un briquet les indications terribles écrites sur la boite : « Danger, ne pas absorber...Tenir hors de portée des enfants... En cas d’absorption accidentelle, contacter d’urgence le Centre antipoison. Etc... Etc... »

La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.
La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.
La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.
La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.
La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.

La beaume du Levant avec les passages sur gouttes d'eau qui précédent.

Au-dessus de la vire médiane, les passages qui permettent de rejoindre la cheminée finale.
Au-dessus de la vire médiane, les passages qui permettent de rejoindre la cheminée finale.
Au-dessus de la vire médiane, les passages qui permettent de rejoindre la cheminée finale.
Au-dessus de la vire médiane, les passages qui permettent de rejoindre la cheminée finale.

Au-dessus de la vire médiane, les passages qui permettent de rejoindre la cheminée finale.

La frontale est dans le sac des collègues plus bas, alors nous prenons tout de même grand soin de tenir le briquet un peu éloigné. Notre camarade Mevel est appelé en consultation, il est jeune médecin. Rigolade générale à l’échelon inférieur et divers noms d’oiseaux sont échangés. Enfin notre docteur livre son diagnostic et son ordonnance hurlée à distance : « Buvez l’eau qui vous reste et faites-vous vomir... ».

Ainsi fut fait, mais la nuit malgré la fatigue, se passera avec une certaine anxiété. Au matin, aucune des graves brûlures d’estomac promises n’est ressentie... Compte tenu des mises en garde particulièrement alarmiste de la notice, pas question d’attaquer le ressaut supérieur, descente par l’échappatoire. Il faut vite aller s’informer sur notre cas.

Le plus amusant sera la relation téléphonique avec le Centre antipoison :

- Age des accidentés ?

- Vingt cinq ans.

- Comment cela est possible !! En général ce type d’accident concerne des enfants en bas âge...

- Circonstance de l’accident ?

- Heu ! C’est un peu spécial, je vais vous expliquer....

Et nous pûmes revenir une semaine plus tard pour terminer cette voie du Levant, qui deviendra une belle classique.

Claude Deck

Claude Deck à l'ouverture de la voie du Levant et avec ses copains.
Claude Deck à l'ouverture de la voie du Levant et avec ses copains.
Claude Deck à l'ouverture de la voie du Levant et avec ses copains.

Claude Deck à l'ouverture de la voie du Levant et avec ses copains.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
J'ai fait la voie du Levant au printemps 1971 en cordée de 3, le pilier Livanos en juillet toujours en cordée de 3, tant il pleuvait à Chamonix, et le pilier NE en octobre en partant d'Archiane à midi dans une éclaircie, bivouac sur la grande vire avec un casque sous un surplomb qui gouttait pour récupérer un peu d'eau, sortie le lendemain à midi et retour à Paris le soir.<br /> Anecdote: il n'y avait pas de clous en place et il fallait en poser de temps en temps, et dans les 3 dernières longueurs nous en avions enlevé une quantité, cela sentait la sortie de nuit sous la pluie. C'étaient les copains du RSCM Patrice Krier et Léonard Laloy qui avaient vécu là des moments difficiles.<br /> Cette montagne est splendide, le rocher presque partout excellent, les 3 voies que j'ai faites étaient superbes. Mais la descente ! Boudiou que c'est LONG. Nous avions examiné la combe nord, cela devait pouvoir se faire à coup de rappels mais nous n'avions pas le temps de tenter la première.<br /> D'autres ont eu la même idée et ont ouvert cette descente.<br /> <br /> J'ai connu Claude un peu plus tard, en 1973 quand j'ai fait la 2de de sa variante directe sur le pilier nord des Droites après avoir croisé Sylvain Jouty. J'avais mis un but pour cause de tempête de neige, 500m de descente à coups de rappels. J'avais mis un autre but, avec Claude cette fois, dans une tentative à la Sentinelle Rouge, pour cause de tempête de neige, avec retour du refuge du Trident à Helbronner aux instruments, en brassant la neige fraîche avec une visibilité nulle.<br /> Cette voie m'énervait, j'y étais retournée un mois plus tard avec mon copain Jérôme Bévin, avec qui j'avais fait deux ans avant l'intégrale sud du Doigt de Dieu à la Meije, et deux de ses copains de Chamonix, et nous l'avions sortie, cet éperon nord direct. Une course magnifique rondement menée et je me rappelle une dûlfer en crampons pas triste au petit matin, et une abondante moisson de cristaux au Jardin de Talèfre, l'accueil adorable de Georges Charlet et son épouse, grands-parents de Georges et de Jean-Franck.<br /> Les cousins voulaient faire la face N du Dru mais je l'avais faite l'année précédente, la Walker aussi, je n'avais eu aucun mal à leur faire accepter une 2de à découvrir dans les Droites, où ils n'étaient pas encore allés.<br /> <br /> Claude, je l'ai souvent côtoyé au Saussois dans les années qui ont suivi, il grimpait avec Pierre Mazeaud qui était alors ministre des sports.<br /> Un sacré bonhomme, Mazeaud ! Si tous les ministres étaient comme lui, la France se porterait mieux.<br /> <br /> Salut et fraternité*
Répondre
M
Merci pour votre temoignage qui met en perspective l'histoire de l'alpinisme.