10 Janvier 2019
J’ai rencontré pour la première fois GianCarlo Grassi en 1981. A l’époque je faisais mon service militaire au PGHM de Jausiers en Ubaye.
J’avais passé l’hiver à découvrir et à grimper les cascades de glace nombreuses de l’Ubaye, découvrant à la fois un nouveau terrain de jeu, une pratique quasi inédite à l’époque et les subtilités du piolet traction.
C’est donc fort de ses expériences qu’en cette fin mai, je partie seul de Fouillouse avec un marteau à glace Interalp et un piolet Desmaison Laprade forgé. La lame banane avait 5 ans (piolet Chacal) pas encore généralisée, elle semblait limitée aux glaces les plus extrêmes.
Ne m’arrêtant pas au refuge je fonçais sur le Brec de Chambeyron et son couloir nord.
L’ascension de ce couloir me laissa peu de trace, seul souvenir fort qui contribuât certainement à mon entêtement à grimper fut l’arrivée au sommet.
Débouchant sur le replat final, je tombais sur trois personnes en train de se restaurer, une femme et deux hommes.
Parlant italien, la discussion fut courte ; l’un deux dans un français approximatif me demanda si je venais du couloir nord. Ma réponse au vu de ma maitrise légendaire des langues étrangère fut elle aussi brève : « oui. ».
Me tendant alors la main, il me dit quelque chose que je compris en ces mots : « félicitations, bravo, bon alpiniste ».
Un peu rougissant je lui serré la main, pas certain de comprendre vraiment et après un bref « Ciao », je m’enfuie en dévalant la voie normale.
Lors de la descente, je me remémorais ma rencontre, certain d’avoir déjà vu le visage de l’homme qui m’avait adressé la parole. Je connaissais ces petites moustaches et ce turban dans les cheveux. Mais je n’arrivais pas à mettre un nom sur ce visage.
Je décidais de passer au refuge non gardé à cette période de l’année pour jeter un coup d’œil au livre de course. Au cas où.
Effectivement, je trouvais trois noms datés de la veille. L’un de ces trois noms était GianCarlo Grassi -guida alpina. J’eu alors le sentiment d’être adoubé chevalier dans l’ordre du piolet traction.
Car à l’époque GianCarlo Grassi était un alpiniste en vue, leader d’une escalade « propre » et libre avec son mouvement "Nuovo Mattino", il ouvrit bon nombre de voies rocheuses sur coinceurs en val de Susa et val d’Orco. Mais c’est surtout comme promoteur du piolet traction et de l’escalade sur cascade de glace que sa renommée franchit les frontières italiennes.
Je rencontrais une autre fois Grassi quelques années plus tard au refuge de la Pilatte, je revenais d’une randonnée glaciaire et lui descendais du couloir nord des Bans avec un client.
J’ai donc toujours suivi GianCarlo Grassi et ses ouvertures glaciaires, car comme un monstre affamé, il dévorait tout : goulotte aux Ailefroides, face sud des Grandes Jorasses… et puis de nombreuses cascades et goulottes en basse altitude, Cogne, Alpes du sud côté italien voire français….
Je vous encourage à découvrir ce grand acteur de notre monde.
Merci Monsieur Grassi !
Grassi utilisant la technique des années 80. Il était nécessaire de se pendre sur les piolets pour arriver à placer une broche tant leurs performances étaient basses.
Accompagnant mon fils sur ses compétitions de biathlon, j'avais découvert cette ligne évidente signé Grassi qui dominait le pas de tir. Mon regard se perdait souvent sur ce mince ruban blanc. Profitant d'un enneigement faible de ce début d'année, je ne pouvais que craquer!
Les topos Grassi, celui de Cogne fut longtemps le seul sur ce spot. Celui sur les Glaces d'Ouest recèlent de nombreuses perles à grimper.
La goulotte Grassi est au sommet du second cône à partir de la gauche. Nous sommes descendus dans le couloir et les barre les plus à droite.
... Et l’objectif du jour la goulotte Grassi à Bessans.
Peu de choses à vous raconter, sauf:
- un départ tardif de la voiture ( à 10 heures).
- Une ascension rapide ( moins de 3 heures) en 4 longueurs mélangeant corde tendue et passages assurés.
- Une descente sans topo. Qui se révéla dangereuse et (trop) longue. Nous sommes descendu dans un couloir puis dans des barres à droite de la goulotte. Pas simple avec un brin de 60m.
- Peux de matos dans cette jolie ligne et des protections pas simples à poser.
-Attention en cas de'enneigement, non seulement la goulotte mais aussi la descente sont exposés aux avalanches.