25 Juillet 2022
Départ de la pointe Helbronner et vue sur la Dent du Géant (dont l'accès est en bien mauvais état), et regard sur l'Aiguille du Midi.
Il suffit de fréquenter la montagne cet été 2022 pour ce rendre compte que nous venons de franchir une étape qui semble irrémédiable dans l'évolution de la couvertures de glace et de neige.
La lecture du compte rendu des conditions de la haute montagne par la Chamoniarde ce lundi 25 juillet dresse un tableau dramatique de l’état de la montagne malheureusement bien réel :
« Les conditions continuent de se dégrader en haute montagne.
Quelques infos en vrac :
- col supérieur du Tour toujours pas bon (glace et chutes de pierres). Le col du Tour passe mieux (cordes fixes en place)
- la rimaye de l'aiguille du Tour s'est effondrée mais on peut passer tout à droite
- du côté de la Charpoua "Avis aux candidats des Drus. Le glacier passe mais ne tient plus à grand chose. Surtout il est miné ponctuellement par de jolies obélisques. A bon entendeur.
Autrement les voies d'escalade (contreforts des ecclésiastique et flammes de pierres) et l'éperon ouest de l'évêque c'est tout bon !"
- la crevasse sur le glacier pour l'accès à la face O des petites Jorasses ne passe plus
- l'accès à l'éperon Walker est assez chaotique
- aux dernières nouvelles la rimaye pour l'aiguille de la République passe toujours
- secteur Envers : accès aux voies bien en glace, il faut prévoir de bons crampons
- la traversée des aiguilles de Chamonix sens N-S ne passe plus en raison d'une grosse zone instable au niveau de la dent du Caiman
- la glace sort sur l'arête de l'aiguille du Midi, crampons aciers et bonne technique de cramponnage nécessaires
- la rimaye sous l'arête de l'aiguille du Midi s'est effondrée. Il faut la contourner par le petit col à gauche en descendant
- le glacier est bien bas, il y a une longueur (V) en plus pour la Rebuffat en face S de l'aiguille par exemple
- la Compagnie des Guides ne vend plus l'arête des Cosmiques en raison de la sécheresse et du risque d'éboulement
- une bonne rimaye au pied de l'arête à Laurence, ça vaut le coup de la contourner
- la traversée de la Vallée Blanche est de pire en pire, en mode "cavernes d'Ali Baba", actuellement déconseillée
- encore un peu d'activité du côté du mont Blanc du Tacul (les rimayes passent encore convenablement) et des Trois Monts (2 piolets conseillés, un passage de rimaye bien physique, de plus en plus de glace dans la traversée vers le col du mont Maudit qui se protège assez mal)
-le refuge des Grands-Mulets est dorénavant fermé
- montée au col des Dômes : rester bien à droite tout proche du rocher. Les vieilles traces ne passent plus et amènent à de grandes crevasses. 1er Dôme : très sec (rocher et glacer) mais pas difficile. 2ème Dôme enneigé, RAS. 3ème Dôme : une énorme crevasse traverse l'arête. Pour l'instant le pont est encore fiable mais ça risque de vite évoluer. »
Départ du col de Rochefort et premiers pas d'escalade . Sommet Nord des Aiguilles Marbrées où nous rejoint une équipe d'italiens.
Regard en arrière sur le sommet nord, escalade en direction du sommet sud impressionnant mais dont l'ascension est facile
Le constat se porte principalement sur :
-Les glaciers qui perdent une grande partie de leur couverture neigeuse, offrant à la vue de tous une vision claire sur leurs crevasses béantes et donc non-dangereuses, plus haut le manque d’alimentation des mêmes glaciers ouvre de nouvelles crevasses inconnues et cachées sous des ponts de neige de plus en plus précaires. Comme la nouvelle crevasse au départ de l’arête des bosses sur la voie normale du Mont Blanc ou les crevasses qui apparaissent sur l’itinéraire du Dôme des Écrins lors de la traversée sous la barre. Les secours en montagne ont opéré cet été plus du double de secours en crevasse que l’an passé avec de nombreux accidents mortels ou très graves.
-Les températures positive nuit et jour à des altitudes de 3000 à 3500 m en juillet, font fondre le permafrost et désolidarise les rochers. Les chutes de pierres sont donc courantes, importantes et imprévisibles.
-Les couloirs classiques disparaissent et deviennent de sordides déversoirs aux pierriers qui souvent les composent. Ainsi on disparu des projets estivaux les fameux couloirs du cirque glacière du glacier Noir en Oisans. Adieu : couloirs du Coup de Sabre, couloir N du Pic sans Nom, couloir N du col du glacier Noir...
-Les glaciers fondant et perdant à vue d’œil leur épaisseur, les attaques des voies rocheuse s’éloignent et de nouvelles longueurs d’attaques apparaissent comme la nouvelle longueur en 5 de la Rébufat à la face S de l’aiguille du Midi à Chamonix.
Dernier passage pour Aline pour atteindre le sommet sud avant la descente par un couloir de neige actuellement en terre et pierres.
A la vue de ces constats, il est pertinent de se poser des questions sur nos pratiques alpines et d’envisager de les faire évoluer :
- Pratiquer les goulottes, couloirs, courses mixtes aux mois d’avril, mai voire juin.
-Se méfier des courses traditionnellement classiques qui deviennent soit dangereuses soit bien plus difficiles.
-Être très attentifs lors des approches sur les glaciers aux crevasses qui s’ouvrent et bougent.
-Éviter dès les premières chaleurs les courses et approches exposées aux chutes de pierre.
-Privilégier les courses d’arêtes.
-Se rabattre sur les courses de rocher.
Comme vous le voyez un choix judicieux permet une pratique alpines sûr.