22 Juin 2010
La voie de Parisiens emprunte le dièdre rouge à peine visible à l'aplomb du sommet.
Je ne sais combien de fois j’ai remonté ce sentier du pas de la Picourère ! D’abord pour y grimper les voies classiques, ensuite pour y ouvrir de nouveaux itinéraires ( un dans la grotte d’Hannibal et deux autres en chantier dans ce secteur) ainsi que pour y emmener des clients.
La vire d'attaque, ne pas la rater sous peine d'escalade sur herbe dans le socle.
Céline au départ actuel, différent de l'ouverture suite à un éboulement.
Toujours Céline dans la dalle à silex de la L1.
Toujous la même dans la L2 avant la traversée sur la droite à ne pas rater!
J’ai gravi plus de cinquante fois la voies des Parisiens dont nous devrions fêter le cinquantième anniversaire en 2011. J’y étais si souvent que le rédacteur en chef de la revue Vertical, Claude Gardien m’avait surnommé « la concierge des Parisiens ».
J’adore cette voie, pas très difficile mais diablement engagée. Avec ses traversées et ses surplombs qui rendent toutes retraites problématiques et ses protections lointaines mais qui peuvent être consolidés par d’excellents coinceurs. C’est une belle escalade alpine qui a peu de chose à envier à ses grandes sœurs du massif du Mt Blanc. Longueur après longueur, le gaz creuse le vide qui peut alors remplir de doutes l’esprit des cordées les moins aguerries.
Et Céline à la sortie , après le surplomb.
L’itinéraire qui sans être compliqué demande de l’attention, a mit certaines cordées dans de bien mauvaises situations. Non seulement il existe des impasses dont le retour est délicat mais à quelques dizaines de centimètres près, le passage peut s’avérer bien plus délicat que l’annonce le topo.
L’escalade y est peu sur les pieds, j'y grimpe le plus souvent en basquettes améliorées. Seul le fameux passage aux silex, belle audace des ouvreurs, demande un peu de technique de pied. Le reste est constitué de dévers athlétiques plutôt sur bonnes prises.
Le rocher décrié par certains ne présente effectivement pas l’aspect monolithique qui rassure le grimpeur sans culture alpine. Car comme le dit Livanos : » il n’y pas de mauvais rocher mais de mauvais grimpeurs » . Seules une prise au départ de « mon »R3 me pose toujours question. Je dis mon R3 car si quelques relais sont évidents pour d’autres le choix est multiple et dépendra des capacités de votre second ou plutôt de l’aide qu’il peut avoir besoin, de votre gestion des cordes vis à vis du problème du tirage.
Le départ du R3 avec la fameuse prise !
Rémy dans la fameuse traversée aux silex....
La suite remonte des fissures pas toujours si simple.
Un dernier passage en fissure raide arrache quelques émotions à Céline!
Ainsi le temps peut varier énormément, mais une cordée au niveau de cette course ne devrait pas mettre plus de 6 heures pour en gravir les 12 longueurs étalées sur les 280 mètres de cette paroi. J’y est mis pour ma part couramment moins de 3 heures dont une fois en partie de nuit après un enchaînement du pilier Leprince-Ringuet au Glandasse suivi d’une voie du Levant à Archiane.
Ainsi, si vous êtes capable de parfois grimper en vouvoyant le rocher, si vous traiter les affres du vide par le dédain, si les pièges d’un itinéraire louvoyant n’est qu’un jeu d’enfant pour vous, si l’utilisation de protections complémentaires n’est qu’une des facettes de vos talents de bricoleur, si les pitons ne vous donnent pas de l'urticaire, si la pose de relais ne vous demande pas plus de temps qu’une grande respiration inspirée, qu’une longueur par ½ heure est votre vitesse de croisière ….
Alors vous connaîtrez les joies de l’arrivé au sommet, avec toujous la même magnifique sensation d’être à la proue d’un immense navire qu’est le synclinal perché de la forêt de Saou.