27 Février 2010
Christophe dans la L3 de Mister Freeze.
"Encore cette marche !"
Souvent pour grimper à Toussière le plus gros de l’approche se fait en voiture, mais cette année avec cette neige, c’est une heure et demi de marche à pied.
Avec ma cheville encore tuméfiée de ma chute au col de la bataille, c’est long!
Nous avons décidé avec Christophe de finir cette voie où la nuit nous avait stoppée tout près du sommet.
Nous laissons la voiture au hameau de la Vière et malgré le redoux il y fait –3°C à 9 heures du matin.
Nicolas et Damien, nous ont rejoints.
Ils marchent devant et je traîne derrière profitant de leurs traces dans cette neige qui devient de plus en plus profonde au fur et à mesure que nous approchons du pied de notre objectif.
Il a neigé récemment et ainsi notre ligne de glace déjà peu facile à distinguer car si fine a disparu sous la neige.
Nous nous équipons et motivé je pars devant faire la trace. Il fait froid, -5°c environ. Une faible croûte de neige cède sous mes pas, je m’enfonce alors jusqu’à la taille dans cette poudreuse légère.
J’enchaîne les courts passages techniques de la L1 et L2 sans sortir la corde, la chute sera plus douce dans la neige que plaqué contre le rocher par la corde.
Auraient-ils finis « notre » voie ?
Je pars dans la L3 qui déjà en condition sèche est super technique mais là sous la neige qui cache les prises, les placages de glace et les mottes d’herbe la progression n’est vraiment pas simple.
Au premier point je trouve un maillon rapide : ils ne sont pas allés très haut nos inconnus !
Je continue, reta après reta et malgré les spindrifts, je sors des difficultés. J’arrive sous le relais, plus que 10 mètres moins difficiles, mais 10 mètres sans protections possibles.
Un tout petit mouvement de reta, je tire sur mes deux piolets posés dans une couche de glace d’environs 2 cm d’épaisseur et là, surprise, ils sortent tous les deux.
J’ai dû faire la même tête qu’un cow-boy descendant la rue de Toussière City pour un duel au soleil, dégainant ses deux colts face à 5 brutes armées jusqu’aux dents, pressant la détente et n’entendant que le clic des chiens percutant à vide une cartouche absente. Un grand vide, un léger déséquilibre arrière, un gainage de tout le corps, et je rebascule en avant, replaçant mes lames dans ces trous qui viennent de refuser mes avances. Ce fut ultra bref mais intense, j’en ai eu mal aux abdos pendant une semaine.
Conclusion : il faudra rajouter un point par-là, la chute y est possible! Christophe y rajoutera d'ailleurs un piton lors de la descente en rappel.
Christophe me rejoint et enchaîne sur la L4. Cette longueur plus en glace n’est pas simple sous cette neige qui ne permet pas de définir la limite entre glace et rocher, les coulées de neige continues nous arrosent pour pimenter les choses.
Damien grimpe malgré les spindrifts.
Pendant ce temps Damien grimpe la L3 et me rejoint au relais. Pas mal pour quelqu’un qui a si peu d’expérience dans ce type de terrain.
Je ne suis Christophe et pourtant je suis Christophe dans la L4 .
Je rejoins Christophe au relais suivant. Je prends le perfo monte au-dessus du relais et pose un goujon afin de protéger celui-ci.
Je continue par une dalle inclinée où les broches les plus courtes ne s’enfoncent qu’à moitié soit environ 5/6 centimètres.
Damien assure Nico dans la L4.
Je place un goujon au départ de la dernière longueur.
Une méduse de glace déversante me barre le passage. Court passage de glace, mais bien verticale avec un curieux mouvement en traversé à droite pour éviter la partie la plus surplombante qui me met dans un mouvement de charnière assez inquiétant. Je réussis à placer un pied à droite et ainsi je tiens l’équilibre. La suite est-elle aussi déroutante, plus de glace ! Au-dessus de moi chaque tentative de planter les piolets rebondi sur le rocher sous jacent caché par la neige. Je balaye et nettoie devant moi cette poudre blanche, il n’y a rien qu’une dalle lisse de calcaire.
Nico dans les "pattes" de la méduse.
Je dois revenir à gauche pour trouver une fine couverture de glace. Encore trois mouvements et je rejoins le couloir de sortie puis un pin pour y poser mon relais.
Je peux alors crier : « Sorti ! »