Lorsque la LPO tire à vue sur les grimpeurs

Vous avez sûrement pris connaissance du communiqué de presse de la LPO .

J'ai demandé par téléphone à Monsieur Gilbert David (correspondant presse de la LPO) un droit de réponse.
Je communiquerais donc le droit de réponse suivant à la LPO. Bonne lecture à tous.

Suite au communiqué de presse de la LPO, je me permets de répondre à cette mise en accusation de façon factuelle.

Pour bien comprendre la situation voici un petit descriptif de la situation géographique:

Un couple de vautours gypaète niche avec succès dans le cirque d’Archiane, plus précisément dans le vallon de l’Aubaise qui est orienté nord/sud. Le nid est dans les falaises de Sambardou, en rive droite du vallon de l’Aubaise. Ces falaises comportent peu de voies d’escalade et celles-ci sont abandonnées par les alpinistes. Par contre une randonnée sur la vire de Sambardou connaît une fréquentation régulière par les randonneurs amateurs de sensations et de vide.

La rive gauche du vallon de l’Aubaise est parcourue par le GR 93 qui descend plein sud pour rejoindre, des hauts plateaux du Vercors, le village d’Archiane. Ce sentier est sensiblement parallèle à une distance de 100 à 200 mètres au ruisseau de l’Aubaise qui coule au fond du vallon.

Toujours sur cette rive gauche fermant le vallon à l’est, faisant face aux rochers de Sambardou et distants d’eux de 500 à 1 000 mètres, s’élèvent les rochers du Jardin du Roy. Ces falaises sont parcourues par de nombreuses voies d’escalades dont une dizaine est régulièrement fréquentée. Cette falaise est elle aussi traversée par une vire qui connaît un franc succès non sans quelques problèmes de sécurité.

Pour l’année 2023, la carte des zones de protection définie par la commune de Châtillon-en-Diois, le Parc Naturel Régional du Vercors et l’ONF  limite la Zone de Sensibilité Majeure à l’ouest du GR93. C’est-à-dire englobant les falaises de Sambardou et les pentes du Glandasse dominantes. Quant aux falaises du Jardin du Roy où a été vu le grimpeur accusé d’atteinte à la nidification des gypaètes ( dixit Gilbert David au téléphone), elles sont classées en sensibilité moyenne où « la pratique de l’escalade est possible » (citation du texte d’accompagnement de la carte).

Le grimpeur n’était donc pas comme l’affirme la LPO dans une zone de sensibilité majeure, mais se trouvait dans une zone autorisée pour l’escalade comme au parcours par les randonneurs sur le GR93 et la vire du Jardin du Roy.

Au sujet de l’utilisation du perforateur: Les modèles utilisés par les alpinistes sont de petites tailles et puissance (18 volts/ 3 Ah), générant un bruit de moins de 100 décibels (dB) ce qui fait un bruit perceptible de moins de 50 dB à 500 mètres et de moins de 40 dB à 1000 mètres. L’échelle du bruit est logarithmique ce qui veut dire que 10 décibels de moins divisent le bruit par 10. Pour comparaison, 40 dB correspondent au bruit des feuilles dans le vent, ou celui conseillé pour une chambre à coucher. Ainsi considérer le bruit du perforateur comme fortement impactant me semble être une contrevérité.

Lors de la réunion du 14 mars 2023 tenu en mairie de Châtillon-en-Diois en présence de :

- Un représentant de la commune de Châtillon-en-Diois.

- Un représentant du Parc du Vercors.

- Un représentant de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux.

- Deux Représentants de l’ONF.

- Deux représentants des alpinistes (moi même)

- Aucun représentant de la LPO ni d’ailleurs des clubs locaux et des fédérations d’alpinisme, n’assistaient à cette réunion.

Les sept personnes présentes à cette réunion ne s’y sont pas trompées puisque elles m’ont donné mandat pour sécuriser l’équipement de la vire du Jardin du Roy (sensiblement proche du secteur où a été vu le grimpeur), équipement pour lequel je vais devoir utiliser le même type de perforateur.

Pour ma part et pour rester sur une problématique factuelle :

Lors de la réunion du 14 mars 2023, les deux grimpeurs présents ont demandé un communiqué de presse "officiel" au sujet des interdictions liées à la nidification du gypaète affin de diffuser cette information sur les réseaux des pratiquants des activités alpines. N’ayant rien reçu le 5 avril, j’ai de nouveau posé la question par courriel à cette date, demande toujours sans réponse à ce jour.

Quelques semaines plus tard, j’ai découvert sur les réseaux sociaux une discussion sur un projet de parcours de la vire de Sambardou. Vire qui rappelez-vous, passe au milieu de la falaise où niche le gypaète donc en pleine zone à sensibilité majeur. J’ai informé les auteurs de ce « post » de l’interdiction, ils m’ont répondu que cette sortie leur avait été inspirée par le numéro de juin 2023 de la revue de diffusion nationale Montagnes-Magazine qui décrivait le parcours des vires d’Archiane (dont celle de Sambardou) sans mise en garde au sujet de l’interdiction. Effectivement, une rapide recherche sur Internet permet de comptabiliser une bonne dizaine de parcours depuis ce printemps.

Il est regrettable que la LPO, pour faire du buzz comme me l'a dit son attaché de presse au téléphone, utilise des approximations et mette au pilori les grimpeurs ; de plus, cette association qui se revendique technicienne de la gestion de l’avifaune voit une paille qu’on ne trouve pas dans l’œil des grimpeurs alors qu’une poutre existe dans le système de protection de la nidification du gypaète.
Encore une fois les grimpeurs, cible facile car mal organisés et mal représentés font office de bouc émissaire alors qu’ils sont historiquement des partenaires et des acteurs incontournables des falaises du sud Vercors."

PS:  En 2019, la France, l’Italie et la Suisse se sont alliées pour inscrire avec succès l'alpinisme auprès du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’Unesco. Les parois du Vercors font partie des lieux de pratiques historiques de l'alpinisme rocheux.