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  le blog manu.ibarra

Alpinisme, escalade, cascade de glace, France, Écosse, Mt Blanc, Oisans, Écosse, Island, Canada.... Les aventures d'un guide de haute montagne.

Premier 4000: Dôme des Ecrins!

 

La Barre des Ecrins avec à sa droite le Dôme.

« Tu crois papa que je peux faire le Mont Blanc ? »
La question directe me fut posé un matin de juillet par mon fils Félix 11 ans.
« Oui, un jour, mais tu sais le Mont Blanc pour commencer.. »
« Bon… Mais un 4000 ? »
« Un 4000, je pense oui. »

Je n’ai jamais poussé Félix à faire de l’escalade, du ski ou d’autres activités proches des miennes.
La peur d’un rejet violent me modérant.

Face au glacier Blanc, le Pelvoux.

La demande venant de lui, il s’agissait d’y répondre au mieux.

Quel 4000 lui proposer ? Le Mont Blanc, trop dur pour commencer avec son altitude plus proche de 5000 que des 4000m. Le Breithorm et son téléphérique, certes 4000 m, mais la course risque d’être une victoire tronquée. Alors quel sommet ?

Le Grand Paradis, pas si facile que cela… et pourquoi pas le Dôme des Ecrins.

Cela fait si longtemps que je ne suis pas monté au Dôme… peut être 10/15 ans…

Dernière semaine de juillet. Le camp de base est planté au camping d’Ailefroide.

Il y a maintenant plus de 30 ans que je découvrais pour la première fois cette vallée magnifique. Et la barre des Ecrins fut une de mes premières courses.

Montée au refuge du glacier Blanc.

Les jours s’enchaînent, petite randonnée au vallon de Clappouse, histoire de se délier les jambes ; escalade avec Moulinos et son fils à la voie de la Cocarde ( pas de photo, j’avais oublié l’appareil !!!!!).

Puis…Montée au refuge des Ecrins.

 

Le glacier Blanc, en vert version 1975, en mauve version 1985 et en blanc version 2009.

 

Je me souviens lorsqu’en 1976 nous passions au ras du rocher en rive gauche du glacier par une vire qui correspond au cheminement actuel, et autour des années 80, lorsque le glacier avait avancé, obligeant les hommes à la pose d’un escalier métallique.

Aujourd’hui, le front du glacier est bien plus haut que dans les années 70. Quand sera-t-il demain ? Le front se stabilisera sous le refuge des Ecrins ? Plus haut ?


Du refuge des Ecrins, vue sur le glacier Blanc. Encore là en 2050?

Pour l’instant Félix marche et marche bien même. Deux heures pour le refuge du glacier Blanc. Pose repas, puis encordement pour prendre pied sur le glacier Blanc.


Arrivée sur le glacier Blanc.

Nous voilà en vue du refuge des Ecrins. Le refuge me semble plus haut sur son éperon rocheux ou plutôt le glacier semble plus bas !

Le refuge est tenu par une équipe super sympathique et après invitation du gardien,  je participe avec les autres guides à la vaisselle. Je retrouve autour de l’évier mes autres collègues guides et notamment Jim Blyth. Guide écossais qui vit à Chamonix. Nous évoquons l’Ecosse, la Nouvelle Zélande et d’autres montagnes de la terre.
Que de choses à découvrir, à comprendre, à aimer…

« Il est 3 heures ! Debout ! »

Je saute de mon bas flanc et aide Félix pour son premier levé en refuge.

Nous rejoignons la salle à manger. De peur de digestion difficile pendant l’effort j’ai déconseillé à mon fils son chocolat matinal et il a donc commandé du café. Malgré tout le sucre disponible rajouté dans le bol, le breuvage reste trop amer pour ses 11 ans. Jim Blyth qui déjeune face à nous, propose alors d’échanger son thé très british contre son café très français.


3 heures du mat.!


En rouge la trace sous les séracs, en vert, sur les crevasses!

Départ de nuit à la frontale. Nous sommes dans la partie médiane de tous les prétendants au sommet. Encore une fois Félix marche bien…. Et nous nous retrouvons dans le premier tiers au pied des séracs.

Hier j’ai bien regardé la face et malgré la relative stabilité des séracs j’ai fait le choix de passer plus à gauche, une zone certes crevassée mais à l’abri des chutes de glace.
Nous montons toujours d’un bon pas, dépassant  même quelques cordées. Je jongle avec la corde que j’ai gardée longue au vu des crevasses et que j’ai muni de nœuds. Je pratique toujours ce style de macramé lors que la chute en crevasse est le danger dominant.


Si  on regarde en haut: ça monte.........

 


.... si on regarde en bas, ça descent!


Sous le ciel: le Dôme.

Vers 3900, là où la pente se couche Félix s’allonge dans la neige : » fa ! ti! gué ! »me dit-il. Je lui propose alors de renoncer. « non ! Je veux aller au sommet ! »


Petit repos!

 

Pose après pose, pas après pas, gorgé d’eau après barre énergétique, je le guide au sommet.


Le sommet! Sous nos pied le Dôme, derrière la Barre.

Sous un vent du nord froid, nous atteignons le sommet vers les 8 heures du matin.

Les autres cordées complices félicitent Félix.


A l'abri du vent mais pas du froid.

Nous descendons de quelques pas pour nous mettre à l’abri des rochers de la brèche Lory. Le froid y est aussi piquant et après un petit grignotage, nous descendons rapidement.


Les crevasses et les noeuds. L'un ne va sans l'autre!

 


Repos sous le refuge des Ecrins


Descente sur le sentier, bientôt 10 heures!

A 9 heures 30, nous voilà sous le refuge des Ecrins où la maman rejoind le fiston.

Repos!!!!!

C’est  bien fatigué qu’après une journée de 1000 m de montée et un peu plus de 2000 mètres de descente réalisée en une petite dizaine d’heures que Félix à droit au doux repos du hamac.

 

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P
Bonjour ManuQue de belles images et que de beaux souvenirs pour moi ! La barre des Ecrins a été mon premier (et mon unique ) 4000 et tu étais le guide.C'était en 85 (ben oui ça fait un bail).C'est un souvenir formidable .Bravo à Félix !
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M
<br /> Merci pour ce message.<br /> Le temps passe !<br /> <br /> <br />