18 Février 2016
A l'ouverture, je l’avais nommée Nuage Rouge sans savoir que Christophe avait ouvert Red Cloud, damnation et changement de nom !
Non ?
Nom !
Ayant souvent l’impression de jouer le rôle de dernier des Mohicans de l’alpinisme drômois, autrement dit d’emmerdeur pour nos chères instances (faut-il y voir un double sens ?), j’affectionne dans ce coin perdu et pour ses voies aux goûts sauvages, les noms de chef amérindiens, qui furent exterminés car dérangeant, pensant autrement, non rentables, pas facile à maîtriser.......
Alors lequel choisir ? Nuage Rouge, prit ! Geronimo : prit et pas par la moindre des voies. Sitting Bull, prit et un grand souvenir. Crazy Horse, Chef Joseph, Gall, Big Foot…
Non?
Nom: Cochise!
Nous avons donc répété Cochise hier.
Le secteur principale suivi du secteur du Roc de Touleau lui même. Deux vue sur Géronimo, la voie suit la ligne de dièdres-fissures noirs
En renommant cette voie, je dois corriger et mettre à jour tous les autres articles de ce blog. La chose sera faite dans la journée. Promis !
Il n’est déjà pas simple de grimper à la Bataille, pas simple d’y poser ses protections, pas simple d’être avec certitude dans la voie choisie, pas simple de ne pas avoir (un peu) peur… Si en plus, je complique le jeu !
Je vais me faire scalper !
Aujourd'hui:
Journée de brouillard qui promet une face givrée sans possibilité de se perdre : il suffit de suivre la route !
Un chevreuil à trois pattes gît sur la route. Cerné de traces de renard qui se sont enfuis en quatrième vitesse à notre approche en emmenant la quatrième patte.
Un arbre brisé par le vent a glissé sur la pente pour s’arrêter en travers de la route. Joli pont et joli travail pour la DDE ce printemps.
Joli pont et joli travail pour la DDE ce printemps. Arriver, nous déchargeons notre matériel qui continue dans le style inventaire à la Prévert : mousquetons, pitons, marteaux, ancres à glace pour herbe glacée, camalot, aliens… Si, si ces mots, on sens pour les alpinistes !
Brouillard ce matin et dégâts hivernaux: jeune chevreuil mort et arbre tombé sur la route suite aux coups de vents des semaines précédentes. Nous sortons le matos: coinceurs et ancres à glaces...
L1:
La L1 de Cochise puisque la voie se nomme comme cela maintenant, attaque à gauche d’une grosse fissure/cheminée noire dont l’accès est défendu par un arbre.
Grimper en direction d’un petit pilier (protection sur petits coinceurs). Au niveau du sommet de ce petit pilier, légèrement à droite, un goujon est en place. Du sommet du pilier traverser sur 3 mètres environ à gauche pour rejoindre une zone de faiblesse. Un goujon avec un anneau de corde en place pour un repérage plus facile sous le givre. Monter légèrement à gauche de se point, tout droit et forcer un passage bien raide (un goujon avant ce pas). Arriver sur une vire et traverser à droite jusqu’à rejoindre le relais bien visible (2 goujons).
Photos N°1: Christophe à l'attaque de la L1. Photos N°2 et 3: traversée de 3m à gauche. Photos N°4: le pas bien raide. Photos N°5: Mon arrivée à la vire et au relais.
L2 :
La L2 commence d’entrer par le pas dure, comme ça, c’est plus à faire! Mais histoire de corser le jeu, d’avoir plus de goût en bouche, de concentration en tête, de se poser quelques questions métaphysiques du style: d’où je viens, où je vais, qu’est ce que je fais là…. Le premier point est après le pas!
Trop facile autrement…
J’hésite. Trouvant la chute peu confortable, les pieds inexistants, la prochaine motte trop haute, celle dans laquelle je suis ancré trop faible, je commence à entonner le célèbre « j’ai la rate qui se dilate, j’ai le foie qu’est pas droit, j’ai le ventre qui se rentre…… …..
Le placement d’un Alien, sur la droite me fait oublier toutes ses questions auxquelles je ne connaîtrais jamais de réponse et même la suite de la chanson.
La suite, parlons en: bien qu’encore soutenue, un second point sur la droite environ 5 mètres plus haut, fini de chasser les questions .
Le relais se trouve sur la droite proche d’un gros arbre.
PS: Christophe en second, ayant pitié des sucesseurs, placera un piton avant ce fameux premier point.
L3 :
Ayant inversé l’ordre de la cordée par rapport à l’ouverture, c’est Christophe qui s’y colle !
Je me souviens d’une escalade peu physique mais fine et délicate. C’est la sensation que retrouve Christophe qui cherche à se protéger en plaçant une ancre à glace. Un mètre plus haut caché sous le givre, un goujon l’attend. 3 mètres de plus et un autre point lui aussi caché est découvert. Un dernier point ouvre les portes du couloir finale.
Cette voie mérite de devenir classique, d’une difficulté supérieure à la Grande Motte, elle reste abordable et la ligne est vraiment plus raide.
L1 : M4+- 40m-3 pts.
L2 : M5- 40m- 3pts + 1 piton
L3: 40m- M4- 3pts
Matériel; coinceurs des Aliens ( ou câblés) jusqu’au camalot jaune, anneaux de buste, 8 dégaines. Pitons ( lames) en fond de sac
Du sommet, nous rejoignons par une montée puis une traversée descendant l’attaque de Red Cloud.
Nous tirons corde tendu dans ce terrain qui ne nous pose pas de difficulté. Et c’est en deux grandes longueurs que nous sortons au sommet juste pour le plaisir de prendre un bain de givre dans le ressaut terminal qui est toujours une escalade irréelle quand les conditions sont comme aujourd’hui !
Merci à Christophe pour ses photos.
J'attaque Red Cloud, le pas est là ( 2 points en place), ensuite je passe le couloir cheminée en haut à droite. Christophe sort de la goulotte qui suit.
Après la traversée sur la droite, le ressaut final, ou Red Cloud rejoint Crème Caramel. Un édredons éclaté de givre !