29 Juillet 2021
J’ai rencontré Emy via les réseaux sociaux. Elle cherchait des réponses aux questions qu’elle se posait comme grimpeuse ne maitrisant pas les techniques de sécurité en grandes voies. Je lui avais répondu, la conversation avait duré et j’ai découvert sa situation de chômeuse en fin de droit. Ainsi limitée dans ses moyens et malgré cela porteuse d’une forte envie de se diriger vers le métier d’éducateur sportifs du plein air, elle se questionné sur le chemin d’expériences et de connaissances à parcourir.
Je décidais de lui mettre le pied à l’étrier d’abord en lui offrant une paire de chausson et ensuite en passant quelques jours avec elle à grimper en grande voie pour lui apprendre les techniques de base de la pose de relais, de l’assurance du second, de la pose des rappels et de la descente en rappel.
Au vue des chaleurs estivales, Ailefroide par sa profusion de grandes voies et sa situation en altitude me sembla le spot parfait ! Nous voilà parti pour 4 jours de grimpe.
Arrivé en fin de matinée, nous nous jetons sans beaucoup réfléchir sur une voie qui ne nous semble pas trop longue : le Pilier du Levant au secteur Orage d’étoiles. Voies de 200m coté 6b max.
Si le bas caractérisé par de l’escalade en dalles couchées si courante à Ailefroide s’enchainent bien avec des longueurs cotées 5b, 5c+, 5c+, un premier court pas physique en 6a permet de prendre pied sur une arête suivi d’une longueur en 6a+ où les coincements de doigts peu évidents dans une fissure fine et déversant. Puis une magnifique longueur aérienne sur un rocher adhérent permet par un pas de 6b de gagner le sommet d’un premier bitard qui donne accès par une courte longueur à la longueur finale en 5b. Descente en rappel.
Nous avons souffert, ce secteur prend le soleil dès le matin et le rocher est bien chaud en début d’après midi.
Cherchant à tirer la leçon de la chaude journée de la vieille, nous changeons de secteur. Nous choisissons de grimper dans le secteur de la fissure d’Ailefroide qui orienté nord reste quasiment toute la journée à l’ombre. La voie choisie est « Songe d’une nuit de Sabbat », 200m de 5c ponctué de deux pas en 6a. Longs passages en dalle ventre à terre amusants et parfois un poil taquin sur un rocher très adhérent. Deux longueurs un poil au-dessus des autres la L3 avec un léger devers sur grosse prise qui nous rappel que d’autres formes d’escalade que la dalle existent et la L7, qui reste dans le registre dalle mais redressée. La descente en rappel est indépendante des relais, elle se passe dans les dalle plus à gauche (en regardant la face) et se termine par un beau rappel en araignée de 40 m. Une belle voie à conseillée !
Quelques jours plus tard, un jeune couple, voisins de camping ont connu une galère dans cette voie. Partis avec une corde à simple de 80m, ils ne purent emprunter cette ligne de rappel équipée à 50m. Ils rejoignirent leur tente de nuit à 11 heures.
Plus à droite, une cordée dans Bleu Pétrole. Les dalles de "Songe d'une nuit de Sabbat" et son dernier rappel.
Le camping d'Ailefroide, conviviale, enchanteur, atypique où l'on peut se croire ( presque) seul au monde et parfois arrivant à saturation avec près de 5000 campeurs .
Souhaitant faire découvrir à Emy le plus de secteurs possibles, je me résigne à grimper sous le soleil au secteur Palavar les flots. Voie : Sueur de Bouc, 350 m en 5c+ max.
Chargé en eau pour tenir face aux 9 longueurs ensoleillées, nous galérons à trouver le sentier qui ne part pas comme indiqué sur le topo après 100 m de marche du dernier parking mais plutôt vers les 50 m, immédiatement avant le premier énorme rocher (légèrement en retrait) que vous avez à main droite en remontant le sentier.
La première longueur est le passage clef et effectivement comme le dit le regretté Cambon dans son topo, si vous passez cette longueur, le reste n’est que promenade. Pour ma part je passerais volontiers sa cotation de 5c+ à 6a… Les quatre longueurs suivantes sont agréables sans plus. Ensuite cela se gâte, de nombreuses vires, encombrées d’herbe font concurrence au rocher. À noter un passage dans la L6 coté 4c qui vaut plutôt 5c sur 4 mètres équipés de 3 points rapprochés qui doivent permettre de passer en tire clou. Une longueur la L8 rehausse la qualité de l’ensemble.
La descente fût une expérience, je pense enrichissante pour Emy. En effet après le premier rappel, les autres doivent être faits de façon à tirer vers la droite (en regardant la paroi), ce qui n’apparait pas aussi marqué sur le topo que le terrain l’impose. Ces relais ne sont pas faciles à trouver car indépendants de la voie et perdus dans des dalles immenses et parfois cachés derrière un creux, un surplomb. Au Niveau du 3ème rappel, bien tirer à droite. Si vous arrivez sur un relais constitué du couplage d’un arbuste et d’une écaille, ne pas descendre tout droit ( suite semble pas équipée) mais descendre sur 4/5 mètres pour traverser sur une vire ( un pas d’escalade facile) pour rejoindre le relais. Tous les relais de rappel sont constitués de deux goujons reliés par un anneau de corde et possèdent un maillon rapide.
Cette voie présente peu d’intérêt hormis les 4/5 premières longueurs.
Dernier jours, échaudés par la chaleur, souhaitant explorer un nouveau secteur pour Emy ; tout en étant à l’ombre. Nous jetons notre dévolue sur le secteur au dessus de la draye avec Chaud Biz 180 m en 5c max. Nous devons être à Grenoble à 16 heures !
Voie courte tant pour l’accès que pour les longueurs. Attention la L0 marqué en 3 n’est qu’un sentier raviné. La L2 est amusante et la suite déroule.
Emy apprend vite, elle fait ses premières longueurs en tête , à poser ses premiers relais et rappel... Un excellent début à confirmer. Je lui souhaite bon vent en sachant qu'elle peut toujours compter sur mon aide.
Quand à moi, je dois approcher la vingtaine de voies à Ailefroide !
Une cordée à notre gauche dans TwoHot Men devant les contreforts du Pelvoux et Chaud Biz, avec Emy en tête dans la longueur en 5b.
Herbe légère et vaporeuse rencontrée à la descente qui n'a pas déclinée son identité... si vous connaissez, je serais enchanté de faire sa connaissance