4 Août 2021
L’objectif de ces tests est de donner une notion des valeurs de résistance des anneaux de sangle en Dyneema dans des situations d’utilisations de terrain qui ne sont pas celles optimum et recommandées par les fabricants mais qui sont pratiquées par les alpinistes. Ainsi j’espère que ces valeurs permettront aux utilisateurs d’optimiser l’utilisation de leur matériel.
Le nombre de 3 à 8 tests fait sur les sangles dans chaque situation est trop faible pour en tirer une valeur de résistance à prendre comme absolue. Les valeurs données ici ne sont qu’indicatives et ne sont qu’une première approche. Les anneaux de sangle en Dyneema n’ont pas été testé mouillés et/ou gelés, conditions qui affectent les matériaux des sangles mais uniquement en laboratoire.
Les tests furent menés sur une machine de traction suivant la procédure de la norme NF EN 566, développée pour la certification CE des anneaux de sangle cousues utilisées en alpinisme.
La sangle utilisée pour ces tests est la sangle Mission Sling du fabricant Blue Ice, c’est un anneau de sangle d’alpinisme en Dyneema, de 10mm de large cousue sur automate de couture dans les ateliers de Blue Ice situés dans la vallée de Chamonix. Ces anneaux sont certifiés CE / EN 566 et dans le cadre de ce test ont une résistance à la rupture de 22kN.
Il est courant de rallonger un coinceur câblé par un anneau de sangle pour éviter son délogement de la fissure où il est placé par les mouvements de la corde.
L’anneau de sangle fut passé d’abord en tête d’alouette puis à double directement sur le câble du coinceur en acier d’un diamètre de 3,8 mm
En tête d’alouette : rupture de la sangle à la jonction avec le câble pour les valeurs de : 11,162 kN, 9,166 kN, 11,425 kN, 11,417 kN. En double : rupture de la sangle à la jonction avec le câble pour les valeurs de : 14,382 kN, 13,730 kN, 13,398 kN.N.
Le passage de la sangle en tête d’alouette diminue de plus de la moitié sa résistance, tandis que le passage en double diminue la résistance de l’ordre de 15%. Face à ce genre de situation, il est donc préférable de privilégier l’utilisation de la sangle passée en double.
Il est courant de rallonger une dégaine même en escalade sportive pour optimiser le frottement. Nous pouvons être tentés de passer directement l’anneau de sangle dans la plaquette du spit.
L’anneaux de sangle fut passé d’abord en tête d’alouette puis à double directement dans l’œil d’une plaquette de marque Raumer en acier inoxydable fabriquée dans une tôle de 3,6 mm d’épaisseur.
En tête d’alouette : rupture de la sangle à la jonction avec la plaquette pour les valeurs de : 12,844 kN, 12,585 kN, 11,095 kN. En double : rupture de la sangle à la jonction avec la plaquette pour les valeurs de : 18,264 kN, 17,776 kN, 19,571 Kn, 18,119 kN, 19,020 kN.En tête d’alouette : rupture de la sangle à la jonction avec la plaquette pour les valeurs de : 12,844 kN, 12,585 kN, 11,095 kN.
Le passage de la sangle en tête d’alouette diminue de plus de la moitié sa résistance, tandis que le passage en double diminue la résistance de l’ordre de 15%. Face à ce genre de situation, il est donc préférable de privilégier l’utilisation de la sangle passée en double
15.Test anneau sur anneaux de
sangle Mission.
Encore une fois, il nous arrive de rallonger une sangle par une autre sangle en les passant directement l’une dans l’autre en tête d’alouette ou en double.
Un anneau passé en simple est relié au second passé en tête d’alouette puis en double.
En tête d’alouette : rupture de la sangle passée en tête d’alouette à la jonction avec l’autre sangle. Notons que la sangle réceptive passée en simple est fortement endommagée. Rupture pour les valeurs de : 12,377 kN, 13,096 kN, 14,422 KN, 12,209 KN. En double : rupture de la sangle réceptive passée en simple à la jonction avec la sangle passée en double pour les valeurs de : 17,314 kN, 17,416 kN, 16,382 kN, 14,389 kN.
Le passage de l’anneau en double permet d’avoir une résistance d’environ 16 kN, c’est la solution à privilégier.
Les alpinistes utilisent le nœud de cabestan soit pour repartir par une triangulation la charge sur deux points. Soit pour immobiliser un mousqueton sur une sangle.
Le nœud de cabestan fut confectionné sur un mousqueton symétrique dont la section ronde mesurée 12mm. Une série d’essai (N°1, 2, 3 et N°4) fut fait avec traction sur l’anneau de sangle en boucle (voir photos). Une autre série d’essais (N°6 et N°8) fut faite avec traction sur un seul brin de l’anneau de sangle.
Anneau avec nœud de cabestan (N°1, 2, 3 et N°4) : rupture de la sangle au niveau du nœud de cabestan pour les valeurs de : 15,852 kN, 15,447 kN, 16,762 kN, 15,957 kN. Nœud de cabestan avec traction sur un brin (N°6 et N°8) : glissement de la sangle dans le nœud de cabestan à environ de 4 kN. La montée finale aux alentours de 0,800kn correspond à l’arrivée en butée sur le nœud de cabestan d’un nœud simple confectionnée en butée de bout de sangle avec arrêt manuel du test par l’opérateur.
Le nœud de cabestan confectionné sur une sangle Dyneema glisse sous 4 kN. Attention d’utiliser correctement ce nœud associé avec une sangle en Dyneema ! Si le nœud est bloqué et ne peut pas glisser, il casse la sangle vers 16kN soit environ 30% de la résistance nominale de la sangle. Cette valeur peut s’avérer limite en cas d’utilisation sur un relais dans le cas d’une chute en facteur 2.
Pour la pose de rappel, les grimpeurs peuvent être amenés à couper la sangle et à fermer l’anneau ainsi passé dans les pitons par un nœud.
Nous avons testé le très connue nœud de sangle qui doit son nom à son utilisation pour fermer les anneaux de sangles en polyamide et le nœud de pêcheur confectionné en triple.
Anneau fermé par un nœud de sangle : glissement de la sangle dans le nœud de façon régulière et sans arrêt pour des valeurs de : 10,444 kN, 13,096 kN, 14,422 Kn, 1,2209 Kn. Anneau fermé par un nœud de pécheur triple : rupture de l’anneau de sangle hors nœud de pécheur pour les valeurs de : 19,436 kN, 18,798 kN, 22,133 kN.
Le nœud de sangle glisse sous 10 kN= DANGER !
Utiliser le pécheur triple qui permet de minimiser au maximum les pertes avec la sangle en Dyneema.
D’une façon générale, si vous êtes amené à passer une sangle dans un point autre qu’un mousqueton, vous avez tout intérêt à le passer en double et non en tête d’alouette ; le gain de résistance est significatif (d’environ 20%).
Le nœud de cabestan glisse sous charge aux environs de 4 kN et si la sangle est bloquée, casse aux environs de 16 kN soit avec une perte d’environ 30% de la valeur nominale de la sangle. Cette valeur peut être limite dans le cas d’un relais.
Il convient d’utiliser un pécheur triple pour fermer un anneau confectionné avec une sangle Mission, lui seul semble être capable de ne pas glisser et d’approcher la valeur de résistance nominale d’une sangle Dyneema.
A la société Blue Ice pour le prêt de son laboratoire de test et particulièrement à Max pour son aide dans la manipulation de la machine de traction.