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  le blog manu.ibarra

Alpinisme, escalade, cascade de glace, France, Écosse, Mt Blanc, Oisans, Écosse, Island, Canada.... Les aventures d'un guide de haute montagne.

Attention danger!

 

 

Les grands froids (enfin) arrivent!

Je vous ressors cet article publié en 2008 à lire et relire en début de saison.

En attendant l’ouvrage sur lequel nous travaillons depuis maintenant deux ans avec Jérome Blanc-Gras qui cumule nos 50 ans d'expériences sur glace au travers d'une analyse des différents facteurs composants cet activité.

Puisons en arriver au bout!

 

 

Jean Marc Genevoix, guide expérimenté est décède samedi 1 mars lors de l’ascension de la cascade de glace Baiser de Lune dans le vallon du Fournel.

Le drame est dû  à l’effondrement de la colonne de glace sur la quelle il grimpait.

Cet accident ressemble à cinq autres. A ceux mortels de Masino Farina en Val d’Aoste et de Jérôme Thinières à Gavarnie, mais aussi à ceux dont l’échéance fut plus heureuse de Urs Odermatt à Kandersteg, Guillaume Vallot au Québec…..

L’accident de Massimo m’avait beaucoup questionné, et j’en ai tiré quelques règles que j’essaye de respecter avant toute ascension d’une cascade de glace. 

Règle N°1- Ne pas déléguer ma prise décision!

Ce n’est pas parce que des cordées ont gravi l’itinéraire chaque jours depuis 5, 6 ou 10 jours ou même là juste devant moi ; me précédent de quelques minutes que je dois gravir cette cascade sans me poser les questions que je me poserais assailli par le doute si j’étais le premier de l’hiver.

Ce n’est pas parce que mes potes, le carnet de courses du bar du coin ou le top site Internet sur la glace m’affirment que c’est en super conditions que je dois leurs déléguer ma prise de décision.

 

Règle N°2-Ne pas confondre difficulté à grimper et doutes sur la tenue de la structure.

Si le doutes me travail le ventre je ne dois pas me tromper de problème.

Car si je suis (presque) sûr d’arriver à bout de la plupart des longueurs de glace même les plus raides, j’ai beaucoup plus de questions sans réponses au sujet de leurs solidités.

 

3- me poser toujours ces 3 questions, car une structure non autoportante est similaire à une stalactite:

Si d’un coup de piolet malheureux je fends la structure, je dois pouvoir espérer avoir la chance qu’elle reste debout sur ses pieds!

          1-L’assise de la structure est elle saine ? (Soubassement poser sur de la neige ? Sur des dalles de rocher lisses en pente ? Qualité des points d’accroche ? Saper par des écoulements d‘eau ?…..)

2-la base de la structure est elle saine ? (Trous ? Flûtes ? Fentes ?…) 
3-Est elle proportionnée au reste de la structure (La forme de la structure ressemble à celle d’un champignon atomique ? D‘une enclume ? D’un triangle pointe en bas ? D’un sablier ? D’une bougie ? D’une pyramide ?……)

          4-Est ce que la glace est suffisamment élastique pour supporter les coups de butoirs de mes piolets et de mes crampons ?

         

 

 

Sur ce, sans prétention, grand ignorant que je suis au sujet des mystères de la glace et d’autres, je vous dit : » A bon entendeur…salut! 


Voici des photos : D'après vous, danger ou pas danger?

undefinedPhoto: N°1

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  Photo N°6


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Photo: N°7

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Photo N° 8

Réponses:
Photo N°1: Pas de problème mais personnellement je n'y serais pas allé.
Photo N°2: Effondrement !
Photo N°3: Pas de problème et pas de doute pour ma part. Dailleurs le grimpeur, c'est moi.
Photo N°4: Pas de problème et pas de doute pour ma part. Je suivrais en second.
Photo N°5: Fendu et grimper la veille de notre visite. Je n'irais pas avec mes deux clients!
Photo N°6: Effondrement !
Photo N°7: Fente au niveau des pieds du grimpeur,colonne mince en bas et transparente, accroche en forme de champignon, massive et décalée: Lorsque j'ai vu une cordée attaquer cette colonne, j'étais sur d'assister en direct à un accident: rien n'a bougé!
Photo N°8: Fente en haut de cette colonne qui c'est effondrée le lendemain de cette photo!

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O
Merci pour ces quelques conseils. Je retiendrai surtout le 'ne pas déléguer la décision' car c est souvent ce qui se passe et ce dans toutes les activités montagne.Sinon pour la fragilité de la glace a un point clé c est en effet frapant. Si je ne me trompe pas c est parce que c est à cet endroit que se reportent toutes les forces (poid du stalactite) et que la glace est plus fragile car en tension permanente (courbe du haut). Ca n a pas loupé la dernière fois qu on s est amusés a grimper un petit stalactite bien fin, il a pété alors que mon pote était presque sorti: un seul coup de piolet a un endroit stratégique et tout tombe. Mais bon on s en doutait et on grimpait en moul et il était pas bien grand ;-)
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J
Salut Manu,<br /> Bravo pour cette initiative à diffuser largement et la qualité de l'analyse photos à l'appui! En ce qui concerne ces structures de type free standing, je rajouterais comme critères d'analyse et de prise de décision l'évolution des températures les jours précèdents et la température ainsi que le vent à l'heure H de la prise de décision (le vent dans une moindre mesure, pour son effet d'accentuation de la perte de matières par sublimation de la glace en cas de t° +). On sait par expérience que ces structures n'aiment pas trop les grimpeurs dans les quelques jours qui suivent un fort refroidissement 0° à - 15° par ex, c'est classique, les stalactites cassent net en général pendant ces périodes. Le dernier accident en date nous apprend (mais ne s'en doutait on pas un peu?) que ces structures fragiles n'aiment pas non plus la chaleur, même si l'escalade y est agréable car la glace très plastique (il devait faire entre 5 et 8° au pied de Baiser de Lune le jour de l'accident vers 13h par extrapolation des relevés meteo de briançon en tenant compte de l'effet fosse à froid du Fournel, même si cet effet n'est plus très marqué à l'altitude de Baiser; il y avait aussi un peu de vent). Je pense qu'une t° relativement stable le jour vers -5/-10° depuis une semaine aumoins soit également un gage de sécurité dans ce domaine. Pour autant le 100% de certitude n'existera jamais... Une dernière remarque, c'est la zone de rupture de ces colonnes: des 3 faits les plus marquant que j'ai pu voir ces dernières années, c'est toujours au même niveau que ça pète, 50 cm sous l'attache sommitale, au moment ou le grimpeur sortait de la colonne. Y a t il un point ou se concentrent les tensions de la structure à cet endroit? En tout cas c'est assez frappant, sans mauvais jeu de mots...<br /> salut
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M
<br /> <br /> Salut Jean Charles,<br /> Tes critères me semblent plus que pertinents et effectivement le point de rupture est toujours au même endroit........<br /> Sujet à développer!<br /> <br /> <br /> <br />
B
Bonjour, c'est  une bonne analyse du risque lié à la pratique de la cascade sur des structures fragiles. Néanmoins, je crois qu'au dela du risque objectif, il y a une part d'inconscient qui nous pousse à grimper, à skier et qui nous amène à nous retrouver confronté à un risque mortel. Je me souviens d'une remarque de Jean Marc en 2003 alors que nous grimpions la cascade Cold Couloir à Cogne par temps stable froid et anticyclonique, plusieurs coulées ont alors balayé la cascade avant le petit goulet après la 4ème ou 5 ème longueure. Il nous avait dit "La on a grillé un joker ". La question qui se pose alors : A combien de joker avons nous le droit ?"
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M
<br /> <br /> Je m'écarte un peu du débat, mais si il y a une chose dont je suis sur c'est qu'en montagne la malchance n'existe pas seule la chance existe!<br /> Je développerais dans un article futur.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Merci Manu pour ces conseils avisés. Sachant que les cascades de glace sont des structures complexes et évolutives, nous nous devons à la plus grande prudence . Aujourd'hui , avec les moyens que nous avons , l'estimation du risque d'effondrement n'est toujours pas exacte et qui que nous soyons ,nous aurions pu être à la place de Jean Marc. Bonne continuation. Pierre.
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