16 Décembre 2009
Il fait froid ! Oh pas beaucoup et pas depuis longtemps ! Mais il gèle ! Certes les cascades du Diois ne sont pas encore en condition mais les mottes d’herbes du col de la Bataille doivent commencer à geler.
Nous voilà donc parti avec le fameux Seb des Cimes.
Pas de neige sur la route, ainsi l’approche se résume à 50 mètres de marche et encore uniquement par le fait que nous ne garons pas la voiture au pied des voies : « Piolet échappé, voiture abîmée » dit le dicton local.
Nous commençons par la voie de la Grande Motte. La « classique » du coin. Seb n’ayant jamais grimpé ici et pas plus sur l’herbe gelée, cette voie de 4 longueurs me semble une bonne façon de commencer. Et comme dit le dicton local….......Euh, j’ai oublié !
J’ai quelques hésitations pour déterminer le point de départ de la voie. Cela fait 3 ans que je n’ai pas sévi ici, et ma mémoire n’est pas d’une fiabilité exemplaire. La suite de la journée me le prouvera encore une fois. De plus un brouillard dense limite la vue à une dizaine de mètres.
Je fini par me décider : « c’est là ! » Je m’élève et franchi le seule pas technique de cette première longueur de 30 mètres protéger par un petit friend. Suit une pente d’herbe qui donne accès au relais, à poser sur un gros pin. Seb me rejoint puis part pour la seconde longueur.
Un premier spit 5/6 mètres au dessus du relais et légèrement à gauche donne la ligne d’ascension. Un second point posait dans les rochers d’une petite grotte indique le passage clef de cette longueur. Seb le franchit en grognant et marmonnant. Je ne comprends pas ses mots. Normal, maintenant qu’il est Lausannois de Suisse ! Suit une longue goulotte assez raide d’herbe. Quelque friends moyens voire gros permettent la pose de point de protections intermédiaires que Seb ignore. Le relais est lui sur un gros fayard après 40 mètres d’escalade.
Je repart en tête et ne suit pas la goulotte mais je m’élève sur un pilier raide sur la droite, protégé par un piton et deux spits. Je me remémore la première ascension de cette ligne avec Nougatine. Nous n’avions utilisé aucun spit et piton, uniquement des coinceurs et des ancres à glaces plantés dans la terre. Ce passage est de toute beauté, aérien (sauf aujourd’hui avec le brouillard), délicat et technique. Le relais, 15 mètres au-dessus, est à réaliser sur un arbre.
Seb regarde la suite de l’itinéraire, photographie et décide de me laisser les joies du premier de cordée. Une courte descente dans la goulotte suivie d’une traversée au dessus d’un arbre me mène au pied de la fissure dièdre qui me conduit en 40 mètres et un spit au sommet de la paroi.
Le givre couvre de paillettes magnifiques rochers, herbes, arbres, sourcils ; le gel faible dans la première longueur et parfait dans le reste de l’escalade.
Du sommet nous suivons les crêtes vers la droite pour redescendre en longeant le pied de la paroi dans l’idée d’enchaîner avec une seconde voie.
Au pied de cette falaise, je cherche à rassembler mes souvenirs pour répéter « Gare au Loup », et je me dis que je devrais inscrire le nom des voies.
Un spit m’attire et c’est à peu près convaincu d’être dans le bon choix que je m’encorde et commence à grimper. L’escalade me semble plus difficile que dans mes souvenirs. Le doute m’envahit…. mais « non c’est là ! « J’aperçois un autre point, et ainsi hésitant d’un point à l’autre je me retrouve au relais. La longueur n’est pas facile, et les 4 spits en place sur les 40 m de l'escalade étaient les bien venus.
Seb toujours prévenant me laisse continuer en tête. Je pars à la recherche des spits certes peu nombreux mais bien réels que je me souviens avoir posés dans la seconde longueur de « Gare au Loup ». Rien, je ne trouve rien sur les 40 mètres suivant. Je maudis le givre qui me cache ses fameux point. Quoiqu’il en soit il faut que je trouve moyen de faire un relais à défaut de trouver le relais sur spits qui est par là j’en suis sûr. …….. Je finis par faire relais sur des pierres coincées !
Seb me rejoint, je lui demande lors de son ascension de chercher les mystérieux points… il ne trouve rien !
Je dois me rendre à l’évidence, je suis sénile et je ne suis pas dans la voie espérée mais dans une tentative non finalisée qui maintenant me revient en mémoire. Comme dit le dicton local que je n'ai pas perdu : « On commence par oublié de fermer sa braguette, ensuite on oublie de l’ouvrir » Ouf J’en suis qu’au premier stade !
Diable ! Que faire descendre en rappel sur ce relais poser sur ces pierres coincées et abandonner les sangles et le friend qui le consolide ?
Je fais le choix de continuer et c’est comptant mon matériel (4 friends moins 1 du relais égal 3) que je part dans la troisième longueur que je sais être la dernière. Les hostilités commencent par un petit surplomb où les crochetages par chance sont excellents. Je peux poser un point (plus que deux !)
Le rétablissement, lui est plus délicat. Plus de bonnes fissures mais de maigres touffes d’herbes qui me permettent quelques hésitations, une traction précaire et deux mouvements plus tard d’être au pied d’un petit pilier. Ma protection me semble bien loin. Je remarque d’ailleurs que l’estimation que j’ai de la qualité de sa tenue décline dans mon esprit au fil des mètres qui m’en éloignent. La suite du pilier me semble trop raide, ou plutôt trop difficile. Sur la droite une légère goulotte me tend les bras. Pas banal! Un mouvement délicat de traversée sur la droite me rajoute quelques doutes sur la tenue du friend qui est maintenant 6 bons mètres sous mes pieds. Je rejoint cette vague dépression, m’y élève encore de deux mètres. Je tombe sur un béquet à peine formé de la taille d’un poing. Je le ceinture avec une sangle, progresse deux à trois mètres encore et pose un de mes deux derniers friends. La suite me semble plus facile, la partie est gagnée. Je rejoint le sommet et trouve une pierre qui fait un relais acceptable.
Seb me rejoint. Nous venons d’achever un vieux projet croyant répéter une voie. Cette voie est certes un peu moins difficile que Geronimo. Mais ces 3 longueurs soutenues et homogènes en font une des voies difficiles du col de la Bataille.
Ayant de la suite dans les idées….Si, si ! Nous la nommons donc : « Sitting Bull » !
Je vous promets de rajouter quelques spits au relais et même dans les longueurs…. Oh pas beaucoup ! Juste 3 ou 4 par longueur, histoire de garder un peu de piment !