11 Décembre 2008
Voici deux textes sur Moutain Academy, l'un de moi pas sérieux comme il se doit, l'autre de Jérome super sérieux!
Le paradoxe du photographe
J’ai commencé à faire de la photo à la même époque que l’escalade.
J’ai dans un premier temps peu mélangé les genres. Il faut dire que mon appareil photo de l’époque était un 6X6 Yashica lourd et encombrant peu adapté à la photo de sport.
J’ai eu plus tard un 24X36 d’origine russe copie d’un célèbre appareil allemand qui à fini sa vie dans une rimaye.
Souvent Alain Robert avec qui je grimpais régulièrement ; déjà adepte du solo et des médias, me demandait de le prendre lors d’une de ses réalisations. Je refusais, je n’aimais pas le coté voyeur du photographe, surtout sur un grimpeur solo.
Le temps passa et mes connaissances augmentèrent tant en montagne quand photo. Je réalisais quelques « reportages » photographique ( Ecosse, Islande..) qui parurent dans les revues de montagne européennes (France, Italie, Allemagne…). Ainsi qu’une expo en noir et blanc sur le thème de la « danseuse satirique », photo très connue d’André Kertesz.
Fred, le big boss of the MA (pour les intimes)
Jérome de seond boss of the MA
Quand les responsables de Mountain Academy me proposèrent d’assurer la couverture photo de leur troisième stage je ne pouvais donc refuser !
Me voilà ainsi parti dans les Pyrénées, lieu du stage N°3 de Mountain Academy..
Je connaissais Mountain Academy uniquement par les articles peu consistant qu’en faisait la revue Vertical et les comptes rendus que me firent quelques copains guides qui participaient à l’aventure. Et il faut bien que je l’avoue : je n’avais rien compris à l’aventure.
Jour 1 :
Me voilà donc « in bed » comme disent les reporters de guerres américains en Irak. J’espérai mon séjour un peu plus pacifique et un peu moins dangereux. Tout commença par un long trajet. Mais déjà, j’ai compris que l’organisation n’était pas du genre technique alpine mais plutôt style himalayen lourd : 14 personnes, 8 jeunes participants (allemand, français, serbe, tchèque, espagnol. Pardon ! Catalan, italien, hollandais..) 6 guides, 3 minibus, des centaines de mètres de corde, des tentes, sacs de couchage……
Patricia et Corne étudient le topo de l'arête.
Arrivée tardive à « l’hospital de Benasque », (au pied de l’Aneto, coté espagnol). Et là je peux vous assurer que l’hébergement n’avait rien à voir avec l’Irak ( bien que le bâtiment soit « mitraillé » à l’arme lourde des œuvres d’un sculpteur sur bois ), ni avec un camp de base himalayen. Je trouvais même cet hébergement à x² étoiles un peu « surdimensionné » pour des alpinistes…. Mais ne faisons pas la fine bouche !
Jour 2 :
Tout ce petit monde s’ébroue et fait les sacs pour un départ en course en milieu de journée.
Pour ma part je prépare mes appareils, j’en prends deux pour éviter le changement d’objectif toujours périlleux en montagne. Et je peux vous dire qu’en Henri Cartier-Bresson avait raison un boîtier et un objectif suffisent. D’abord pour faire de mauvaises photos … comme de bonnes et ensuite à mon dos !
Nous voilà donc parti pour l’ascension du Pic d’Albe par l’arête des 15 gendarmes.
Certes la marche d’approche est rude. D’abord raide sur un bon sentier puis après un lac de carte postale à la Tairraz, vraiment casse…. pied au milieu d’un chaos de bloc enneigé.
Quand je vous dis un lac de carte postale....
L'approche casse...pied!
La course plait à Sana!
Arrivée à la brèche d’attaque nous nous équipons et formons des cordées. Pour ma part je suis avec Jérôme qui met en joue tout ce qui bouge avec sa camera. Mais faire cordée avec Jérôme, c’est garder la corde dans le sac!
Si nous oublions la corde au fond du sac, celui si ne se fait pas oublier. Une corde de 50 mètres, un matelas, un sac de couchage, un sursac, un réchaud, deux appareils photos, trois bouts de ferraille au cas ou, un peu de nourriture… c’est lourd !
Sur l'arête.
La cordée de trois! (j'aime bien cette photo!)
L’objectif du jour et de bivouaquer le plus haut possible sur cette arête pour descendre du sommet avant le milieu de journée annoncé humide par les services de météo.
Je pars devant, me poste aux passages qui me semblent les plus photogéniques, claque quelques photos puis-je repars dans une calvacade pour doubler les cordées et recommencer l’opération. Pas facile sur une arête de rocher !
Un vague élargissement de l’arête nous accueille pour la nuit. 14 personnes, jamais les 15 gendarmes non dû voir telle affluence.
Corne au bivouac
Sana au réveil.
Feran notre espagnol....pardon catalan polyvalent!
Petit matin frais
Tous au sommet!
Jour3 :
Levé matinal sous un ciel bas et neigeux. Tergiversations, prises de météo, supputations, hésitations, la matinée se passe ainsi dans l’attente d’un signe fort et clair des services météos qui semblent aussi perdu que nous. Midi, le verdict tombe : mauvais ! Que faire ? Un seul coin de ciel semble moins menaçant : les gorges de la Jonte. Nous voilà en voiture, direction Millau. Long voyage sous la pluie. David nous trouve un gîte, déballage de nos sacs, un plat de nouille et au lit !
David, guide pyrénéen!
Jour4 :
Gris, le ciel est gris. Mais la pluie ne semble pas vouloir tenir la promesse faite par les nuages.
Nous grimpons donc ! Dans les gorges de la Jonte peu de longueurs à jeter. Il vous suffit de regarder les images pour imaginer le plaisir. Claude Gardien (Monsieur Vertical) nous a rejoind et nous raconte les histoires de son bon vieux temps qui est un peu plus vieux que les miens de bon vieux temps. De ces potes Gab (arou) et Boivin….. Je connais Gab, par contre je n’ai jamais rencontré Boivin qui me semble venir d’une autre planète. Nous le prenons sur notre corde ( je grimpe avec Jérôme qui assume le coté vidéo). Nous précédons notre ami hollandais dans une jolie voie en 6b.
Les uns grimpent, les autres filment!
Beau point de vue!
C'est parlà que le lendemain Sana jouera à l'aéroplane.
Rappel.
Jour5 :
Ciel toujours gris. Grand vent qui bouscule les vautours. Nous partons devant avec Jérôme, pendu au relais, chacun derrière nos viseurs (lui vidéo et moi photo) nous suivons Sana qui grimpe. La longueur n’est pas difficile et même moi sans entraînement je n’ai pas souffert. Un bon 6a continu, un peu paumatoire et juste un brin engagé, de beaux plombs à se mettre. Sana est quasi dans son niveau max. Je la vois hésiter et j’ai du mal à rester le photographe voyeur. Je la sens un peu en difficulté et le coté guide prend le dessus. Je quitte le viseur, me redresse pour reprendre ma respiration en pensant : » souffle ! Ca va aller ! ». Je me penche au-dessus du vide, je vois Sana pendu sur sa corde : tient ! Elle fait un point de repos ? Pourtant j’avais bien respiré…. Mais bizarre, elle me semble plus basse que…
Et oui, Sana venait de prendre un beau vol. Dammed ! J’ai raté La photo du séjour…. Non, de toute façon je l’aurais ratée, pétrifié par mon impuissance !
En tout cas, Sana reprend l’escalade sereine et semble moins affectée par sa chute que moi. Bravo ! Je suis vraiment un photographe de nature euh…. morte !
Sana après son vol!
Sommet et poignée de main!
Jour6
Neige au levé, revendication au couché ! Cela pourrait être le dicton du jour. Je ne sais comment vous expliquer. A croire que ceux qui ne croient pas en l’homme, ont raison ! Je n’arrive pas me faire à cette idée….. Les vautours ne se posent pas ses problèmes, le rocher est invariablement beau même froid, les feuilles bruissent sous le vent qu’il soit doux ou glacial…… et le pain blanc ou noir nourrira toujours les hommes. ( Un peu codé tout cela…non ?)
Tito sous la neige
Que faire quand il neige: aller sous les surplomb y faire du 8 ......
ou de l'artif, ici Mathias à l'oeuvre
Jour7
Retour, voiture autoroute, poignées de mains et bises……….
Conclusions :
-Les Pyrénées c’est loin. Même quand on y vit.
-C’est la CE depuis longtemps pour les nuages (Il peut faire beau ou mauvais des deux cotées de la frontière alternativement ou en même temps)
-Faire de photo même avec du numérique c’est toujours de la photo et la photo ce n'est pas facile.
-Je n'aime pas regarder quelqu’un qui grimpe au taquet même au travers d’un objectif et même 30 ans plus tard et même s’il n’est pas en solo.
-les vautours n’aiment pas les bourrasques de vents, ni moi !
-Les Tchèques et les Allemands n’aiment pas le pain blanc. Moi j’aime les deux !
-les hommes sont compliqués même ou surtout si ont leurs propose des choses simples : « Il n’y a de problèmes que des problèmes d’hommes »( dixit un qui si connaît pour créer des problèmes.
-Si Vertical ne parle pas de notre voyage c’est que son rédacteur en chef n’est pas encore assez fort pour prendre des notes dans le 6b. Faut le faire sortir de son bureau qu’il s’entraîne !
PS : Un grand merci à Fred et Anne-Cécile sans qui rien de cela n’aurait lieu !
Puisque j’ai nommé Cartier Bressons et Kertesz, je ne pouvais omettre Man Ray !
Le texte sérieux (Donc sans d'image!) de Jérome
Début novembre s’est achevée la troisième étape de la Mountain ACademy, entre Espagne et France. L’occasion pour moi de revenir sur la genèse de ce projet, ses tenants et ses aboutissants, en tant que coordinateur et guide. Une équipe de jeunes alpinistes européens, financée et médiatisée, peut susciter une certaine curiosité : Quel est son objectif ? Qui sont ces jeunes ? Quel est leur niveau ?
L’alpinisme, en plus d’être une des dernières activités où l’on peut librement se confronter à l’environnement sans règles ni compétitions, est un univers riche de pratiques, de lieux et de pratiquants. A ce titre il mérite déjà qu’on en parle et c’est ce qui m’a motivé à m’impliquer dans ce projet. Mais l’aspect essentiel à mes yeux est que pour une fois il s’agit d’oublier le haut-niveau, les chiffres et la performance pour se pencher sur une autre dimension de cette activité: plus humaine, plus sociale et plus profonde. Une dimension qui touche tous les pratiquants, quel que soit leur expérience, lorsqu’ils se confrontent à un milieu beau et inconnu, lorsqu’ils vivent leurs histoires de cordée, leurs moments de doute et leurs réussites. Ces moments forts, qui nous poussent souvent à retourner en montagne donnent aussi à l’alpinisme un caractère « hors norme », et méritent que l’on change de point de vue. Peu importe finalement ce que représente une voie ou une montagne aux yeux du grand public. Ce qui importe c’est ce qu’elle représente pour ceux qui y vont.
Ferran, Matthias, Corne, Tito, Patricia, Benjamin, Jirka et Sana n’ont pas été choisis sur de seuls critères techniques, ni dans l’unique espoir d’en faire des « fers de lance ». Certains ont découvert l’escalade par hasard au Yosémite, d’autres sont nés dans les Alpes les skis aux pieds. La montagne est pour eux une plate-forme d’expériences où ils ont fait leurs premières armes et continuent de puiser leur inspiration. Ils représentent l’alpinisme amateur des quatre coins d’Europe : jeune, varié, mais aussi souvent « décalé » des stéréotypes. Nous les avons sélectionnés, parmi de nombreux autres candidats, sur leur volonté d’échanger, d’enrichir leurs expériences et de les communiquer au public...
Mountain Hardwear qui finance le projet, Black Diamond, Gore, Sport Schuster et le magazine Vertical qui y sont associés ont donc pour objectif, en leur donnant des moyens techniques et financiers habituellement réservés à l’élite, de leur permettre de raconter leur propre aventure, celle d’une équipe qui progresse et découvre de nouveaux terrains de jeux. Au delà de la technicité de leurs produits, ils cherchent à mettre en relief l’histoire de ceux qui les utilisent, à se plonger dans l’essence même de la pratique pour s’adresser aux pratiquants.
De multiples ambitions qui exigent d’une part de procéder par étapes, d’autre part de mettre en place une logistique importante.
Au mois d’avril dernier, le programme est lancé sur le versant italien du Mont-Blanc. Cette première semaine s’annonce la plus difficile : Sana n’est pas là pour cause de visa retardé, les montagnes sont gavées de neige et de vent, la météo est improbable et nous avons 400 kilos de matériel à transporter.
C’est le cadre, commun à tout le programme, que nous devons d’abord poser :
- un camp de base comme lieu de vie, point de départ, de ralliement et de rencontres avec les différents partenaires.
- une équipe de guides internationaux, dont certains suivent l’équipe tout au long des étapes et d’autres apportent leurs connaissances locales.
- un photographe et un cadreur.
- des journalistes de la presse écrite.
- une ou plusieurs personnalités du milieu, grimpeurs ou guides qui peuvent apporter leur expérience en matière d’escalade mais aussi de communication.
- une équipe technique qui coordonne et suit l’ensemble.
Le massif, comme tous les autres par la suite, est choisi pour son style, son histoire et la variété des voies qu’il offre. Il correspond aussi à une saison. Dans le massif du Mont-Blanc, c’est le terrain mixte que nous cherchons.
Sans revenir sur les détails de cette première étape, je retiendrai quelques moments forts. Notre première rencontre officielle à la villa Camerone, à proximité de Courmayeur, où les nationalités et les regards enthousiastes se croisent dans un mélange d’anglais aux accents non anglophones. Tout semble possible et tout est à construire... Je revois aussi Tim Emmett, athlète Mountain Hardwear au mieux de sa forme et de son excitation qui électrise le groupe de ses expériences. Matthias, Ferran et Benjamin qui ont des yeux incrédules et brillants devant tout ce matériel neuf. L’ « armée » de guides italiens qui creuse d’énormes tranchées à 3400 mètres d’altitude pour installer les tentes. L’enthousiasme et le professionnalisme hors pair de Seb Foissac, Bruno Robert, Kurt Astner, tous potes, tous guides et qui savent pourquoi ils sont là…Les conseils précieux de David Ravanel, photographe, mais au fond de lui toujours guide-formateur, attentif aux décisions et orientations de l’équipe. L’énergie de Fred Meynent et Anne-Cécile Charreyre qui voient « en direct » le projet prendre forme et n’hésitent pas à mettre les mains à la pâte, ou plutôt dans la neige… Je revois aussi nos briefings entre guides sous la tente messe, parfois longs et compliqués où les avis se confrontent: Où aller ? Que proposer ? Comment s’organiser ? Car il ne s’agit pas d’ « emmener » chaque cordée mais plutôt de se placer en formateurs/partenaires et apporter la juste dose d’informations qui sera utile. Bref, il faut assurer la sécurité tout en étant pédagogue… Je revois également des jeunes découvrir ce que grimper en haute-montagne signifie : approche en skis, crampons sur le rocher, assurage en mouvement... De quoi s’évaluer, apprendre et établir un lien privilégié avec les guides. Je ressens enfin le plaisir simple d’être là-haut, sur les arêtes des aiguilles marbrées, ni hautes ni lointaines. Le soleil et la bonne humeur ce jour-là m’ont suffi. Des cordées de toutes parts qui se retrouvent au sommet. Que fallait-il de plus ? Rien… Si ce n’est de penser à la suite, au second objectif : celui de la communication…
Fin août, entre Autriche et Allemagne, au cœur du Tyrol, la neige a fondu et coulé sous les ponts. Cette deuxième étape est dédiée au rocher. Parfois aseptisé et court mais souvent fissuré, raide et parsemé de quelques pitons. Des faces qui résonnent de grands noms comme Dülfer, Preuss, Buhl….Dans cette partie des Alpes, les massifs sont fréquentés mais sauvages, les voies sont accessibles mais sérieuses. L’escalade se confond avec l’alpinisme et impose le respect. Sana est là après un long voyage depuis sa Serbie natale, mais c’est Benjamin qui manque à l’appel. Il vient nous rendre visite, béquilles à la main, victime d’une grosse chute durant l’été et d’une mauvaise fracture à la jambe…
Si tout le monde a les yeux tournés vers les faces des wilder kaiser, c’est sur l’apprentissage et la manipulation des outils photo et vidéo que l’accent doit être mis. Bertrand Delapierre est avec nous pour réaliser un film. Mais tout comme David, il va donner les clés techniques du cadrage et de la prise de vue dont l’équipe a maintenant besoin. Chaque soir, ils visionnent avec les cordées les images sorties des appareils photos et caméras sous le regard avisé d’Anne-Cécile. Neil Greisham et Klemen Preml, les deux athlètes présents sur la semaine, apportent eux aussi de précieux conseils, dans les voies pendant la journée et devant un diaporama le soir. Chacun échange, discute, parfois débat. L’équipe veut sa part d’initiative, et prouve en cela qu’elle s’implique et se soude.
Tous les éléments qui gravitaient jusque là autour du groupe se complètent peu à peu et donnent du sens à l’Academy.
En route vers les Pyrénées espagnoles, deux mois plus tard, l’objectif est donc de consolider tout cela pour laisser enfin les choses s’exprimer. Cette destination est un choix collectif, par refus des spots fréquentés du sud et par volonté de varier une fois de plus les styles d’escalade. Nous retrouvons trois nouveaux guides : Rémi Laborde et David Marret, que je n’ai pas revu depuis une mémorable partie de pétanque à la Pilatte, ainsi que Manu Ibarra qui vient jouer les photographes. Rémi et David connaissent très bien leur massif et nous proposent une escapade vers la pointe d’Albe, dans la région de l’Aneto, avant de plonger plus au sud, vers les grandes parois d’Aragon et de Catalogne.
Les deux jours que nous allons passer en montagne résument pour moi l’ensemble de ce qu’il faut attendre de la Mountain ACademy. Une approche esthétique et sauvage, au milieu des pins, des lacs scintillants et de quelques isards furtifs. Un itinéraire : l’arête des « 15 gendarmes » qui offre pourtant une sensation de totale liberté et où rien ne compte moins que la difficulté. Des cordées sur chaque pointe, tantôt en face nord dans la neige, tantôt en face sud sur un granit enflammé. Du sérieux avec Matthias, soucieux de plans vidéo bien cadrés, qui temporise Tito, sur-motivé. Des belles lumières prises d’assaut par une dizaine d’appareils photos. Un bivouac, bien haut, bien perché où chacun doit aménager sa petite terrasse. Des rires : ceux de Jirka et Patricia, emmitouflés dans leur duvet. Une nuit, collé à Manu, entre le vide et les racines d’un pin. Un réveil long voire impossible pour Ferran qui trouve enfin le confort quand le jour se lève. Un vrai café au goût de soupe et des petits pains au goût de vrai café. Et puis le sommet une fois de plus tous ensembles, où des vautours sont venus enrouler les premiers thermiques. Dans la longue descente qui nous a ramené au luxurieux hospice de Bénasque, j’ai partagé un bon moment avec Corne et Sana. Il m’a semblé que guide ou pas guide, programme ou pas programme, nous parlions le même langage. L’important c’était d’être là et d’être nous.
Et puis la neige du lendemain a enseveli tous nos projets de parois espagnoles. Mais tout était dit. Réfugiés dans le Tarn et la Jonte, les choses ont continué d’elle-même : en artif sous la pluie, en libre dans le froid et le vent.
Les films, photos et histoires de chacun ne tiennent plus aujourd’hui dans un simple debriefing et le moment est sans doute venu de les exploiter. Ce que nous montrerons de la Mountain Academy est une chose, ce qu’elle aura à montrer d’elle-même en est une autre. Cette ultime étape qui va exiger de chacun maturité et réflexion, sera une des plus difficiles et des plus intéressantes.
En ce qui me concerne participer à ce projet est un privilège. Et si je scrute toujours dans les yeux des uns et des autres la petite flamme qui me fait moi aussi grimper, je suis maintenant impatient de la voir au grand jour, dévoilée à d’autres.