24 Avril 2007
Nous (Christophe, Remy et moi, voir les portraits) prenons un plaisir insatiable à ouvrir de nouveaux itinéraires d’escalade. Plaisir à lire un itinéraire logique et cohérent dans une paroi, à y décrypter un à un les passages… Et comme « ya pas de mal à se faire plaisir", nous abusons de la chose. Chaque année nous ouvrons donc.
Peu importe la difficulté et le type d’escalade, seul compte pour nous la cohérence de la voie achevée. Nous préférons une belle voie en 5 (comme Petit Ecolier aux Trois Becs) à une voie plus difficile mais non homogène. Nous préférons un itinéraire avec des sections en rocher parfois « non parfait » à une voie dont l’itinéraire remonte les parties en bon rocher sans logique dans le tracé. Nous n’hésitons pas à traverser, parfois comme une finalité ( voir A Thor et en Travers à Bénevise). Mais par-dessus tout nous ouvrons uniquement du bas, nous nous refusons à nous transformer en maçons de parois pendus sur nos cordes statiques. L’ouverture du bas nous permet de limiter nos ambitions et de calmer nos ardeurs par quelques petites peurs bien anodines.
Donc malgré notre manque d’entraînement, suite à la trêve hivernale ( oui, oui, elle est un peu longue chez nous), nous voilà partis encore une fois pour une aventure.
Nous avions déjà levé la patte contre une des falaises des Trois Becs, l’automne dernier, arrosant d’une giclée de spits deux longueurs. Mais la suite est trop difficile pour une reprise, qui est toujours (croyez en notre longue expérience) un énorme cafouillage : matériel oublié, mal réglé, mal organisé, peu adapté, mal utilisé, échappé, tombé, perdu…..
Nous avions d’autres chantiers à Bénevise, Archiane et ailleurs, mais trop loin, trop de marche à pied ( Et oui, il n’y a pas que dans les bras que les effets de la trêve sont visibles !).
C’est donc ma proposition qui convainquit mes partenaires. Je leurs tins un discours digne de ---------- ( à vous de mettre le nom qui vous convient) en campagne présidentielle : un rocher fabuleux, une escalade de rêve, une difficulté modérée, un bar à bière au sommet plein de jolies filles peu farouches ( bien que grimpeurs, mes compagnons sont tout d’abord deux garçons plein d’énergie).
Nous voilà parti. La paroi est raide : « mais plein de prise «, je leurs assure !
« Flûte ! Nous avons oublié les pitons », normale pour une reprise ; nous aurions pus oublier les cordes.
Me voilà parti, premiers pas, premier coinceur, premier spit, puis premier surplomb, et premier doute. Pour une reprise c’est un poil, juste un poil dur. Je me traîne, j’essaye un pas, tente un mouvement et devant l’intensité de l’effort dû au devers, je me rabats pendu sur un coinceur.
Une petite envolée finale me mène au premier relais. Mes compagnons m’ont encouragé tout au long de mon ascension par de nombreuses remarques sur mon style de camionneur, ma vitesse de tortue, ma détermination hésitante, ma légèreté de pachyderme.
Mais tout moqueurs qu’ils sont, ils ne réussiront pas à enchaîner cette longueur qu'ils pensent être dans le 7 ( à confirmer après un petit nettoyage. ) Ma part de travail faite, se fut le tour de Christophe qui parti dans la seconde longueur avec une grande détermination fidèle à son habitude.
Rapide et efficace, comme d’habitude, il enchaîne : premier point, deuxième point, troisième point dans un petit toit, puis un petit rétablissement lui impose un repos sur crochet goutte d’eau pour poser le prochain point.
Et là, encore fidèle à son habitude, Christophe ouvrit l’air par une magnifique chute. Il ne toucha rien, la paroi est trop raide.
Je savais bien qu’il y avait des avantages à venir grimper ici !
A suivre.......