18 Février 2023
Pauline et Stéphane voulaient faire une course hivernale. Les conditions favorables aux cascades de glace avant le redoux me poussent à leur proposer d'ascension d'une belle ascension glaciaire.
Certes, ils étaient quasi-débutants avec une seule petite journée d'initiation en moulinette; mais je connaissais leurs capacités physiques et leur enthousiasme. Cette cascade ouverte au début des années 1980 par Patrick Cordier fort grimpeur parisien auteur de belles ouvertures avec la voie des Enragés ou la directe Française au Trollryggen, sur les montagnes du Karakoram et des solos notables comme la voie du Nose au Yosemite. Je l'ai eu comme professeur à l'Ensa et nous avions gravi ensemble le Voyage selon Gulliver au Grand Capucin.
L'approche est juste assez longue pour réchauffer le corps. La L1 coté 4+, n'est pas d'une raideur excessive, mais comme pour les autres longueurs, nous y trouverons une glace compacte, lise et dense acceptant mal nos ancrages de piolet et la pose de nos crampons. Le R1 pendu est juste en bordure d'une résurgence qui nous offre une douche inévitable au départ de la L2. La L3 après un départ raide se couche pour finir sur un R3 confortable. La L4 est la plus facile malgré la glace toujours autant récalcitrante aux chatouilles de notre matériel pourtant bien affûté. La dernière longueur se gravit en deux courts passages raides.
Vue sur le seigneur des lieux : le Mont Aiguille ancien Mont Inaccessible depuis son ascension par Antoine de la Ville en 1592.
Malgré la cotation modeste en 4+, je vous invite à la modestie, car ici pas de crochetage, pas de marches taillées par les nombreux passages de grimpeurs, état qui est devenu la norme pour les cascades courues de Ceillac ou d'ailleurs. Mais une ascension qui demande d'ancrer chaque piolet avec modération, sans faire éclater la glace, au risque d'avoir à frapper chacun de vos outils plus de cinq fois ; des placements de crampons où juste le premier centimètre des pointes avant pénètre, avec les mollets qui gonflent et vous mettant à la faute. Une cascade le plus souvent en état originel !
La cascade est constituée de deux ressauts qui se gravisent chacun en deux longueurs. Les relais sont sur goujons de 10 mm. Le R3 peut disparaitre sous la glace ou la neige.
Le danger principale de cette cascade est les chutes de pierres. Ce qui est exlicable par la très mauvaise qualité du rocher sensible au gel et dégel ( attention aux premiers rayons du soleil lorqu'ils léchent les crêtes). Admirez ce jolie cairn inversé situé au niveau du dernier relais en rive droite !
D'autres histoires et aventures dans ce coin du Vercors:
-Histoire de l'alpinisme en Drôme, avec un passage sur le Mont Aiguille
-Mont Aiguille en hiver.
-Et encore !