16 Mars 2022
Comme vous le savez, je suis un fervent défenseur d’un alpinisme de proximité. Je trouve qu’il n’y arien de plus jouissif, plaisant et instructeur que de parcourir ces « petits » itinéraires alpins de pré-alpes.
Cette pratique n’est ni récente ni local. De tout temps, les alpinistes ont cherché des terrains de pratiques proches des centres urbains où ils vivaient. Ainsi, les monts Dore ont connu dans les années 1920 et 30 la fréquentation hivernale des alpinistes parisiens et plus loin de nous, isolés au-delà du mur d’Adrien, nos amis écossais, on fait de leurs « taupinières » un haut lieu de la grimpe hivernale formateur de grands alpinistes.
Ludivine est en recherche de formation à l’alpinisme, ingénue, elle a le tort de me faire confiance.
Ceux qui me connaisse savent qu’au dire, je préfère le faire. Après des courts tests en rocher, j’ai pensé que cette débutante totale en escalade pouvais commencer à traîner ses crampons sur des parcours plus alpins.
Ludivine aime aussi faire des listes : le mont Aiguille en fait partie ; bien sûr en été son ascension par la voie normale présente peu de difficultés ; mais en hiver, son parcours n’a pas à rougir face à un sommet du Mont Blanc ou des Écrins comme les arêtes de Flèches Rousses à l’Aiguille d’Argentière ou une des voies normales des Ailefroides.
Le secret de Ludivine pour ne pas avoir froid: les chaussons en duvet ! Une curiosité qui a attiré notre ami Achille le chocard et son pote le bouquetin Roger.
Me voilà parti, crampons aux pieds dans une ascension que j'avais promis comme horrible à Ludivine qui me tire la langue pour me signifier sa facilité.
Plusieurs stratégies s’offraient à nous :
-Un parcourt à la journée. Solution qui nous aurait demandé un parcours rapide surtout au vu de la météo annoncé.
-Un bivouac au sommet. Une première pour Ludivine qui ne connaît que le sommeil sous une tente ; mais malheureusement, le bivouac au sommet est interdit depuis peu.
-Un bivouac au pied. C’est la solution que nous retenons. Elle permet de prendre son temps le jour de l’ascension et de grimper léger.
Le matériel :
-Crampons Harfang. Parfait pour ce genre de terrain, hyper compact et léger.
-Piolet Akila en version marteau. Léger et performant. J’ai gravi avec des cascades de glace cet hiver de niveau 4.
-Baudrier Choucas, le premier modèle qui est copier par toutes les marques.
-4/5 Anneaux de sangle Mission Light. Cette sangle tubulaire en Dyneema m’a permis plusieurs fois de cravater des tiges de goujons sortant de 2/3 centimètres sans plaquette et écrou.
- 4 dégaines krestel ultra légères et aux mousquetons suffisamment gros.
-3 coinceurs mécaniques qui ne m’ont pas servi.
-Une corde à double en 50 mètres avec un Escapers Béal (attention lire la remarque !)
-Sac à Dos d’expédition Blue Ice ( proto) de 60+10 litres. Un portage parfait malgré ses 800 g et mes problèmes de dos.
-Sac de couchage et doudoune Triple zéro et sur-sac maison avec un bout de matelas.
- Réchaud Jetboil et nourriture lyophilisée.
La grande traversée qui arrive dans la brèche de la tour de la Vierge. Avez-vous remarqué que le froid rend les yeux bleus ?
Le temps se couvre lorsque nous arrivons au pied du couloir/cheminée terminal. Une première longueur en tête pour Ludivine.Pas de photos du sommet: les bourrasques de vent étaient si fortes que tenir debout était difficile.
Remarques :
-Attention, cette course en version hivernale est une vraie course d’alpinisme avec crampons et piolet obligatoire.
-Les cheminées de sortie peuvent posséder des bouchons de neige dangereux.
-La descente par la voie des Tubulaires offre en hiver une pente raide ( >55°) et souvent en neige dure ou au contraire très pourri. Le toboggan se termine par un grand saut ! Quelques points sont posés en rive droite.
-Le premier rappel fait un peu plus de 50 mètres. Soit la hauteur de neige vous évite un bout de désescalade soit préférez une corde de 60 mètres minimum.
- Nous avons descendu le second rappel sur un seul brin de corde de 50 mètres en utilisant Escaper. Attention, le décrochage du système nous a demandé de tirer plus de 20 fois sur la corde. Cette difficulté était dû certainement aux frottements sur le rocher. Nous avions fixé la corde sur les nouveaux relais situés au-dessus de la vire. Je pense que si nous avions fixé le système sur les relais au-dessous de la vire, le frottement aurait été si important que le système n’aurait pas fonctionné.
La descente du couloir des Tubulaire nous a demandé tant de concentration que nous avons là aussi pas fait de photo. Le dernier rappel est encore plus impressionnant lorsque on est sur la corde que du bas .