9 Juin 2013
Ce texte et les photos légendées sont comme souvent dans mes articles deux histoires paralléles qui se renvoient la pensée du lecteur. A lire l'une après l'autre, l'autre avant l'une, l'une avec l'autre, comme il vous plaira. Vous pouvez cliquez sur les photos pour les agrandir ainsi que sur les liens.
Dans ce monde où l'escalade n'échappe pas à l’austère recherche de l'efficacité et de la performance, il est bon parfois de recharger son âme enchantée d'enfant en d'inutiles fantaisies et en rêves légers. Pour oublier les cotations et la performance, il faut donc rechercher d'autres valeurs dans le choix des itinéraires.
Il existe des escalades qui laissent l'empreinte inoubliable d'une journée irréelle. Leurs cheminements pleins de facéties et de finesses nous ouvrent les portes d'un monde non cartésien, où plutôt dont l’ordre et la finalité nous échappent. Passant de structures improbables à des reliefs chimériques nous sommes conduit sur un chemin initiatique vers une plénitude luxuriante qui ne parle ni d'effort rédempteur ni de cotation en 7, chiffre pourtant magique.
Se sont des escalades que je qualifie de baroques, ce mouvement artistique fascinant et pourtant mal aimé car si peu rationnel que chacun si perd.
Se perdre est certainement le maître mot de cette recherche. Perdre son cheminement et pourtant cheminer, perdre la notion de performance (sportive) et pourtant grimper et enfin se perdre et pourtant se retrouver.
Christophe Moulin sur les glaces islandaises.
Ces escalades peuvent se rencontrer en glace où le travail combiné de l'eau et de la gravité, contrariée par les vents nous permet de grimper sur les tours d'une Sagrada Familia entourée des vitraux aux bleus les plus profonds. Chacun, suivant sa complicité avec ce monde gelé, sa compréhension du chemin proposé, s’élèvera sur sa voie.
Le vent peut lui aussi avoir des extravagence baroques. La route des crètes du Cap Canaille est alors coupée. Une marche de 40 mn au départ de la Ciotat vous permet de rejoindre une ligne electrique (à suivre sur votre gauche) qui vous mène au Sémaphore.
Le Becs de l'Aigle un beau morceau de poudingue, théatre de belle rando vertige.
En rocher, elles existent aussi!
Certaines falaises semblent être sur terre juste pour nous le rappeler. Elles ne déplairaient pas à Gaudi, grand maître de ce désordre là. Leur énigme n'est pas inscrite sous la forme d'une suite de prises, écriture de signes cabalistiques, que doit déchiffrer le grimpeur par une proposition de mouvements extrêmes.
Mais sous la forme, plus fantasmagorique, de reliefs rocheuses qui s'accrochent au-dessus du vide en gargouilles, colonnes, pilastres, volutes, cimaises, corniches niant les lois de la gravité et s'opposant au cheminement du grimpeur sportif.
Première longueur de la voie:"Deux Vauriens Trois Canaille".
Déjà du surplomb et des mouvements bizares!
Dans la L3 un toit sur la tête......
..... à passer par le bord.
Le R3 dont la sortie derrière Christophe est plus déroutante que difficile.
"La mer
Qu'on voit danser
Le long des golfes clairs"
comme le chantait Trenet
L5, autre toit.....
... autre....
... méthode.
L1 de "Bienvenue chez Damoclès"
De l'escalade classique....
... et moins classique dans la L2.
Du rocher incroyable, passant du calcaire blanc(presque du marbre)...
... aux formes incroyables...
... ne pas croire la photo, ce n'est pas difficile juste du bon 5c dans la L5.
Puis du calcaire gréseux aux alvéoles "art nouilles" au départ de la L6...
... pour finir sur la fin de la L6 ainsi que la les deux denières longueurs sur un poudingue rococo.
Une cordée engagée dans la dernière longueur en pouding.
Le créateur d'une nouvelle voie sur une telle paroi sera non seulement à contresens et même en hérésie, au sens religieux du mot, s'il niait la proposition magique de la nature par une ligne de pitons rectiligne placés à grands coups de perforateur.
Il n'y a pas dans ce type de terrain de figures cachées platoniciennes, la ligne droite est proscrite. Le plus court chemin est celui de l'acception et non de la volonté, du ressenti et non du réfléchi.
Tout un monde étranger à notre quotidien.
Toujours le Cap Canaille avec ses touristes et ses "héros" du dimanche.
La voie "ouvreur de bouse" et ses soeurs "Tireur de Mousse" et "Bourreur de Rousses" donne envie de faire une petite soeur qui pourrait se nommer "Tourneur de pouce".
Si le bas "D'Ouvreur de Bouse" n'est pas majeur....
... il en est autrement....
... pour les deux dernières longueurs qui nous ont offert un des plus beau 5c que nous avons gravi.